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Conférence de presse pour la présentation de l`ouvrage
INVENTAIRE DES TROUVAILLES MONÉTAIRES SUISSES 5
(ANDREW COLE)
Texte d’introduction
Le développement de l`activité de l`Etat en matière d’archéologie n`est intervenu qu`au milieu de ce siècle dans notre canton.
Actuellement, le canton consacre un montant de plus de 1,2 million de francs par an aux travaux de recherches archéologiques qui occupent en permanence quatre personnes. Plus de la moitié du montant précité concerne des mandats donnés à des archéologues et à des maisons spécialisées. Il ne comprend pas les importants moyens financiers engagés dans le cadre des travaux autoroutiers.
Ce développement s`est révélé d`une impérieuse nécessité pour assurer la sauvegarde des témoignages du passé au moment où l`activité de la construction était devenue très active. Dans une telle période, les fouilles tendent essentiellement à assurer le relevé des découvertes lorsque celles-ci sont d`importance secondaire. Par contre, lorsque les découvertes sont d`importance du point de vue du témoignage, il s’avère parfois nécessaire de bloquer le processus de construction et d`assurer dans les meilleurs délais la réalisation des mesures de préservation archéologique.
Les fouilles de la ville romaine de Martigny, l`antique capitale du Valais, qui avaient été épisodiquement menées sur le site depuis 1883, ont connu, après une longue période de léthargie, un regain d`activité dès le début des années 1970. La Fondation Pro Octoduro, créée en 1972, a été le moteur de cette reprise qui a abouti, en 1975, à la désignation du site comme réalisation exemplaire dans le cadre de l`Année Européenne du Patrimoine archéologique.
Parallèlement, le territoire de la ville antique de Forum Claudii Vallensium a été classé d`importance nationale par la Confédération : cette dernière, par la Commission fédérale des Monuments historiques, a dès lors soutenu, financièrement et par ses experts scientifiques, tous les travaux qui y ont été menés. Le canton du Valais, lui, a participé très activement au développement de ces recherches par la création, dès 1974, d`un bureau permanent à Martigny, dépendant de l`Archéologie cantonale. Ce bureau fort de quatre personnes, toujours dirigé par la même personne (François Wiblé), deviendra, 13 ans plus tard, l`Office cantonal des recherches archéologiques.
Pendant un quart de siècle, les archéologues sont intervenus régulièrement, au gré des demandes de permis de construire et des travaux d`infrastructures, aux quatre coins de la ville romaine, permettant d`acquérir une vision d`ensemble de cette capitale de province alpestre, dont le développement est dû à sa position stratégique, au pied du col du Grand Saint-Bernard, axe international de première importance à l`époque romaine.
Le mithraeum, dont les monnaies nous occupent aujourd`hui a, quant à lui, été découvert en 1993, avant la construction d`un immeuble. Il a pu être fouillé dans de très bonnes conditions.
Mais comme vous le savez, les travaux archéologiques ne s`arrêtent pas à la fin des fouilles sur le terrain. Pour en tirer le maximum d`informations sur l`histoire, les coutumes religieuses ou sociales, le mode de vie et l`environnement de nos lointains ancêtres, il faut tout d`abord mettre au net et classifier l`abondante documentation recueillie sur le site (sous forme de relevés, dessins, notes, photographies, etc...), nettoyer et conditionner les objets découverts, pour pouvoir les identifier et les étudier. Les travaux d`élaboration de toutes ces données permettent ensuite d`interpréter les découvertes dans une perspective historique et, par le biais de publications, de diffuser les informations non seulement auprès des spécialistes, mais aussi, grâce à des ouvrages de bonne vulgarisation, auprès d`un large public, ce qui constitue le but ultime et essentiel des travaux archéologiques.
"Une fouille non publiée est non seulement une fouille inachevée mais pour ainsi dire inutile".
L`étude des monnaies du mithraeum est ainsi publiée moins de cinq ans après la fin des travaux de terrain, ce qui constitue un délai relativement court. Cet ouvrage est aussi le premier d`une série de monographies qui seront consacrées non seulement au site du mithraeum mais aux autres chantiers archéologiques ouverts à Martigny.
L`activité de construction étant actuellement ralentie à Martigny, c`est à cette tâche de mise au net, d`élaboration, d`études approfondies et de publications que peut désormais se consacrer un peu plus l`équipe de Martigny, à côté de la gestion de l`archéologie valaisanne.
Il me plaît particulièrement de souligner que l`ouvrage qui est présenté aujourd`hui représente l`aboutissement d`une collaboration interdisciplinaire entre les archéologues qui ont mené les travaux sur le terrain et le numismate, entre une administration cantonale et une université étrangère, puisque l`auteur de cette monographie, M. Andrew Cole, vient de Francfort. Il a été l`élève du professeur Hans-Markus von Kaenel, archéologue bernois, qui fut quelques années directeur de l`Institut suisse de Rome avant de devenir professeur d`archéologie dans la ville allemande. Cette collaboration nous apparaît d`autant plus fondamentale que le Valais n`est pas un canton universitaire. C`est une politique qu’encourage vivement l`Etat : nous attachons une grande importance au développement d`instituts universitaires en Valais, telle la Fondation Kurt Boesch à Sion, grâce à laquelle des liens étroits ont été tissés avec Augsbourg, autre ville universitaire allemande.
Frapper monnaie était le privilège des rois : n’était-il pas judicieux de choisir la fête des Rois de l’an 2000 pour faire découvrir plus de 2000 monnaies antiques ?
Jean-Jacques Rey-Bellet
Président du Gouvernement
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