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C’est un grand plaisir de pouvoir m’exprimer au nom du Gouvernement valaisan
à l’occasion de cette soirée du 50ème de la TSR. Le Conseil d’Etat se rend toujours
au domicile d’un habitant centenaire : merci de nous faciliter la tâche en venant
chez nous ! Et merci à Monsieur Raymond Vouillamoz et à son équipe d’avoir choisi
le Valais pour 1ère des 7 étapes de cette grande commémoration. Que nos 13 étoiles
vous portent au succès, tel est mon premier voeu ! Est-il besoin de vous dire,
à vous qui faites la TSR, que le monde change. C’est le propre, d’ailleurs, de
l’aventure humaine que d’accepter le changement, mieux : de l’organiser. Dans
le règne du vivant, ce qui distingue notre espèce de toutes les autres, c’est
que nous sommes tendus vers le progrès : nous devons donc sans cesse choisir des
changements et nous y adapter. La presse, c’est-à-dire vous, est le témoin de
cette dynamique universelle. Vous en êtes également les acteurs puisque personne
ne doute plus de votre influence sur les changements de société, et puisque la
presse, elle aussi, change. Après les débuts difficiles de 1954, la TSR prend
toute son importance dans le paysage audiovisuel romand lors de l’Expo 64 à Lausanne,
en créant l’événement avec ses grands directs. Rapidement, les téléspectateurs
voient les premières images en couleur, découvrent les actualités en direct telles
que la guerre du Vietnam, les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune ou encore
les pavés de Mai 68. La TSR connaîtra ensuite les heures glorieuses des années
70, où les lois impitoyables de l’audimat ne brident pas encore la créativité.
Les émissions comme Temps présent, Tell Quel ou encore A bon Entendeur apportent
alors un regard critique et sérieux. Ce sera le label de qualité des productions
de la TSR. Avec les années 80, la TSR devra faire face à l’explosion de l’offre
audiovisuelle, donc à la concurrence. Puis elle a vu naître son deuxième bébé,
qui se porte comme un charme, résolument sportif, éducatif et divertissant. Enfin,
l’arrivée du numérique et d’Internet a changé notre attente face aux médias, faisant
la part du lion au direct et à l’instantané. On peut heureusement constater que
la TSR s’est bien adaptée aux nouvelles technologies de l’information : les couvertures
des élections et votations fédérales sont réussies, même si les pronostics sont
parfois démentis, et les débats politiques dominicaux intéressent toujours davantage
de jeunes. Mais surtout, parallèlement au déluge des nouvelles technologies et
des « news » de la planète globalisée, vous avez compris que le public serait
plus que jamais en recherche des traditions et d’une identité culturelle : en
témoigne l’immense succès du Mayen 1903, qui rappelle des valeurs essentielles
et tisse un lien entre passé et présent. Le succès durable et mérité de « Passe-moi
les jumelles » témoigne également d’un besoin profond, celui de la découverte
à rythme humain : bravo aussi pour ces regards francs et positifs ! Le temps manque
pour l’inventaire des nombreux chefs-d’oeuvre et des quelques couacs, mais au-delà
du cliché, il n’est pas exagéré d’affirmer que la TSR participe activement au
fondement de notre identité et de notre mémoire collective. Redoutable rôle, lourd
de responsabilité, que de façonner notre mémoire collective sur le plan culturel,
éducatif et politique... C’est ce soir une occasion exceptionnelle pour rappeler
que les produits de votre travail de réalisateur, journaliste, reporter et collaborateur
ont une autre dimension que les spots commerciaux qui les interrompent ou les
accompagnent : ils sont tantôt témoins, tantôt moteurs. Oui, la télévision est
vraiment une étrange lucarne, puisqu’elle est à la fois fenêtre et miroir... Vous
aurez ainsi toujours raison quand vous garderez à l’esprit que « La télévision
n`est pas le reflet de ceux qui la font, mais de ceux qui la regardent », comme
le disait Françoise Giroud. Ecoute du public, empathie et interactivité sont aussi
des qualités que doivent soigner les télévisions qui ont vocation de service public.
Le secret de la réussite de la TSR réside sans doute dans un fameux dosage de
sa programmation. Les médias contribuent positivement à l’ouverture au monde,
mais la mondialisation pose de nombreux problèmes. L’un d’eux - et ce n’est pas
le moindre ! - c’est la perte de repères, éthiques ou sociaux. Il en va ainsi
de la culture, facteur d’intégration sociale par excellence. Or l’information
sans la culture, c’est comme les lettres de l’alphabet pour celui qui ne sait
pas lire. En ouvrant aux autres, la télévision ne doit pas négliger notre propre
culture, elle doit l’entretenir et l’enrichir. C’est là un rôle primordial, faute
de quoi Groucho Marx aura eu raison de dire que "la télévision est très favorable
à la culture, parce que chaque fois que quelqu’un l’allume chez moi, je vais dans
la pièce à côté et je lis" ! L`avenir de la TSR est là aussi : rendre compte de
la vitalité et de la richesse de la culture régionale. Avant de terminer en vous
réitérant mes voeux pour l’avenir, en tant que représentant d’une autorité même
parfois injustement égratignée, je veux vous féliciter pour votre engagement enthousiaste,
c’est-à-dire inspiré. J’y ajoute un hommage particulier aux reporters, et à tous
ceux qui, au cours des cinquante dernières années, ont risqué et parfois perdu
leur vie pour le service de l’information, service exigeant entre tous. C’est
un service de l’intelligence, du discernement, de la responsabilité et donc de
la démocratie. A tous ceux qui l’exercent, j’adresse la reconnaissance de notre
population, et nos encouragements. Permettez encore un petit clin d’oeil reconnaissant
en direction de toutes les Valaisannes et les Valaisans qui sont au service de
la TSR : en réussissant si bien dans ce métier d’ouverture et de créativité, ils
donnent tort à ceux qui en sont restés au cliché d’un Valais enfermé et passéiste.
Ce clin d’oeil, je l’adresse aussi à vous tous qui aimez le Valais et nous le
témoignez par tant de coups de coeur, souvent positifs ou parfois justement critiques.
Et je terminerai en disant très simplement "vive la TSR" et "vive la démocratie",
tant je suis convaincu que l’avenir de la TSR et celui de la démocratie sont intimement
liés. |