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Cette semaine de novembre 2003 restera dans les annales comme une semaine faste
pour la réalisation routière en Valais. Avant-hier à Monthey, après 6 ans de travaux,
était inauguré le nouveau tronçon de 3,5 km de route principale suisse permettant
l’évitement de Monthey et de Collombey. Aujourd’hui, c’est le Valais central qui
est à l’honneur avec l’inauguration du pont de Prolin. Grâce à l’achèvement de
ce pont-arc, la sécurité du trafic est désormais assurée au franchissement du
torrent du même nom, qui constitue le couloir préférentiel emprunté par les avalanches
dans ce secteur. Ce pont-arc représente le dernier maillon des ouvrages de protection
contre les dangers naturels qu’il était nécessaire de réaliser sur ce tronçon
de la route cantonale empruntant la rive gauche de la Dixence. Les usagers de
la route, pendulaires, écoliers et touristes sont désormais mieux protégés des
humeurs imprévisibles de la montagne et du temps. A mon avis, il existe deux activités
éminemment créatives : instruire et construire. Aujourd’hui, l’une de ces activités
- instruire - est désormais facilitée par le fait que l’accessibilité des villages
du Val des Dix est désormais garantie de manière permanente. L’autre activité
créative - construire - trouve son achèvement par cette inauguration. Je tranquillise
tout de suite les présidents et présidentes présents : cette fin ne concerne que
le pont-arc de Prolin ; elle ne s’étend pas à tous les travaux que mes services
continuent et continueront à mener à bien dans votre secteur et dans l’ensemble
du canton durant les prochaines années. Nous continuerons, en fonction des urgences
et des disponibilités financières, d’apporter au réseau routier les améliorations
indispensables dans les points qui représentent des entraves ponctuelles importantes
à la sécurité des usagers et à la fluidité du trafic. Il y a six mois, - avec
un léger retard sur le début réel des travaux il faut bien le dire - , nous posions
ensemble la première pierre de cet ouvrage qui nous rassemble à nouveau aujourd’hui.
Notre ambition était alors de jeter un pont pour s’affranchir du danger d’avalanche.
La concrétisation de ce projet s’est effectuée dans des délais extrêmement courts,
qui constituent sans doute un record pour la réalisation d’un ouvrage de cette
importance. Il faut y voir le fruit de l’excellente collaboration entre les différents
partenaires à chaque étape du projet et de la réalisation, excellente collaboration
concrétisée par la recherche permanente des solutions les plus rationnelles. A
l’image du choix d’un procédé d’étayage adapté aux particularités du site ou encore
de l’utilisation d’un coffrage préfabriqué, ces efforts de recherche ont permis
de réduire de plusieurs mois les délais initiaux de construction. Ils nous permettent
surtout de disposer déjà de cet ouvrage pour la période hivernale qui vient. Il
serait injuste cependant de s’en attribuer le seul mérite et d’oublier que les
conditions climatiques favorables de cette année ont aussi concouru à cette réussite.
Dans les Alpes, la nature est parfois capable du pire, mais il faut reconnaître
qu’elle est souvent capable du meilleur ! L’engagement pris le 11 décembre 1991
à l’occasion de l’inauguration de la galerie de l’Aa est rempli avec l’inauguration
de ce jour. De la gestation à la réalisation d’un projet, il se passe souvent
plus de 15 ans, un délai somme toute bien helvétique pour ne pas dire bernois.
Dans le cas de la construction du pont-arc de Prolin, ce délai a pu être ramené
à 10 ans. Il inclut pourtant les 5 années durant lesquelles les restrictions budgétaires
ne permettaient pas au canton d’entreprendre simultanément plusieurs grandes réalisations.
Savez-vous que Prolin est le nom d’un virus informatique très actif ? Ce doit
être un virus de ce type qui a attaqué les constructeurs de notre viaduc, une
sorte de démangeaison qui a permis d’achever l’ouvrage 29 mois seulement après
la décision du Grand Conseil du 25 juin 2001 ! Le même virus avait atteint Loris
Chittaro, chef de section du Valais central, et son équipe... Le choix d’un pont-arc
est le résultat de l’étude et de l’évaluation de nombreuses variantes de projet.
Au-delà du fait qu’il est très bien adapté à la configuration des lieux, l’ouvrage
s’intègre parfaitement dans le site et son esthétique contribue à en faire une
réalisation marquante. On peut d’ailleurs en trouver de nombreuses photos sur
un site Internet. Les solutions constructives adoptées, la rigueur apportée au
contrôle de la qualité tout au long de la construction et l’effort de maîtrise
constante des coûts sont autant d’éléments essentiels qui permettent aujourd’hui
de mettre en service un ouvrage de qualité dont le coût total d’études et de réalisation,
environ 3,2 millions de francs, est inférieur de 18% au montant du devis initial.
La contribution fédérale s’élève à 70% du coût de l’oeuvre, la part du canton
du Valais se monte à 22,5%, et celle des communes d’Hérémence et de Vex à 7,5%.
Quand tout le monde s’y met, la charge est moins lourde, pour ne pas dire légère
au regard de l’avantage retiré. Avec la mise en service du pont arc de Prolin,
le dernier piège naturel sur le tronçon routier Hérémence - Mâche est aujourd’hui
évité. Grâce à la volonté et à l’engagement de toutes les instances politiques,
les habitants et les visiteurs de la région peuvent désormais emprunter cette
route en bénéficiant d’une protection optimale. Mesdames, Messieurs, Toute l’attention
se focalise sur l’horizon fin 2006 et sur la mise en vigueur de la Nouvelle Péréquation
Financière de la Confédération qui devrait intervenir en 2007 et qui prévoit l’attribution
de certains moyens financiers à des cantons comme le Valais en raison de handicaps
topographiques. Il faut malheureusement constater que cette date est souvent utilisée
par les instances fédérales pour justifier, avec le ou les fameux programmes d’économie,
le report, à des horizons incertains, de projets qui pourraient être mis en oeuvre
rapidement. Cette perte de temps est préjudiciable pour notre Canton. Il n’est
pas acquis non plus que ladite péréquation soit avalisée par le peuple et les
cantons dans le délai souhaité. Dans cette dernière hypothèse, que se passera-t-il
entre 2007 et 20xx ? La question est ouverte et personne n’ose y répondre. Les
fonds alloués à la construction d’ouvrages de protection du réseau routier contre
les forces de la nature sont indispensables pour les cantons alpins afin de leur
permettre de pouvoir réaliser ces travaux dont ils ne peuvent assumer seuls la
charge. Dans ce cas précis, les économies projetées par la Confédération ne concernent
ni l’accessoire ni le confort : ils mettent en péril notre existence même. En
ces temps de concurrence effrénée, quelles sont les chances de régions dont l’accessibilité
est difficile et incertaine ? La sécurisation de notre réseau routier par la réalisation
d’ouvrages de protection contre les forces de la nature est indispensable pour
la viabilité économique de nombreuses régions. La garantie d’une mobilité suffisante
est impérative pour permettre d’y conserver des postes de travail, et pour nos
hôtes qui, de plus en plus, ont la bougeotte. Des infrastructures routières de
qualité sont indispensables pour y autoriser la poursuite et le développement
du secteur principal de revenu, le tourisme. Tout cela coûte de l’argent ! Une
réduction déraisonnable des dotations financières de la Confédération dans le
domaine routier ou de manière plus générale dans celui des transports serait très
souvent synonyme de condamnation. Il s’agit dès lors, à tous les niveaux, de demeurer
très attentif face à ces problèmes vitaux et, avec mon Département et le Conseil
d’Etat, de se donner pour mission de défendre au mieux les intérêts en la matière
: ce sont ceux de toutes les régions de notre canton. Je m’en voudrais de terminer
sans remercier tous les acteurs de cette réalisation, ingénieurs, entrepreneurs,
ouvriers, qui ont participé à la construction de ce magnifique ouvrage. Comme
les 2 traits d’union de mon prénom et de mon nom, un pont est un lien : celui-ci
nous fournit aujourd’hui l’occasion de nous retrouver et de partager un moment
d’amitié. Profitons-en ! |