Inauguration contournement de Monthey - Collombey

Route H21 Mo, dite "route de la Vallée" Nous y voilà donc. Après tout ce temps d’attente pendant lequel tous les Chablaisiens et leurs hôtes ressemblaient à soeur Anne, la route de la Vallée est enfin devenue réalité. Personne parmi vous ne demandera : de quelle Vallée ? Il n`y a qu`une Vallée ici, celle d`Illiez, celle du pays de mon aïeul Pierre-Maurice Rey-Bellet, le Gros Bellet, à qui le Bas-Valais doit un tournant de son Histoire. C`est dire si la construction de cette route de la Vallée, de ma Vallée, me tenait à coeur. Du projet, on en parlait déjà depuis longtemps lorsque je fus élu député au Grand Conseil valaisan en 1981. "Et le chemin est long du projet à la chose", écrivait déjà Molière... L’objectif était pourtant on ne peut plus simple et légitime : relier l’autoroute du Rhône A9 à la route internationale Monthey - Morgins par un axe routier permettant de désengorger les agglomérations de Monthey et de Collombey, affectées par les nuisances croissantes d’un trafic toujours plus dense. Problème vite posé, mais résolution laborieuse ! Les projets étudiés dès les années 1970 se succédèrent, chacun apportant son lot d’avantages et d’inconvénients. A chaque fois, la nouvelle variante, séduisante au premier abord, ne parvenait pas à convaincre les partenaires intéressés. Le fameux compromis helvétique peinait à voir le jour, au point que l’on désespérait de voir enfin ... le bout du tunnel. Avec le recul, on comprend mieux ces difficultés. Durant le dernier quart du XXème siècle, l’aménagement du territoire a peu à peu imposé les justes exigences d’une pesée équitable de tous les intérêts, l’élaboration de lois, règlements et ordonnances a battu un record d’inflation. Pendant ce temps, imperturbablement mais pas sans perturbations, le nombre de véhicules immatriculés en Suisse doublait, passant de deux à quatre millions. Enfin, la ténacité des autorités communales de Monthey et de Collombey, associée à celle du canton, permit d’élaborer un projet de consensus, baptisé peu romantiquement variante 10a, dont le principe fut accepté par l’Office fédéral des routes. C’est que Berne avait aussi son mot à dire, en raison des importantes subventions fédérales découlant du statut de route principale suisse accordé à la liaison internationale du Pas de Morgins. La procédure pouvait donc suivre la filière habituelle : décision positive du Grand Conseil en 1995, sur proposition d’une commission parlementaire présidée par Maurice Chevrier, enquête publique la même année, règlement des oppositions, homologation par le Conseil d’Etat en 1996, procédure d’expropriation et approbation définitive de la Confédération avec octroi des précieuses subventions en 1997. Enfin, j`eus la joie de donner le premier coup de pioche le 22 septembre 1997, en la fête de Saint Maurice. Aujourd’hui après un peu plus de six ans - 74 mois, exactement comme le pourcentage de subventions fédérales ! l`oeuvre est achevée, prête à l’inauguration et à la mise en service. Nous fêtons ce jour sainte Aude, synonyme de richesse comme doit l’être cet ouvrage pour la région, mais nous fêtons aussi saint Odon, religieux français du 10ème siècle, qui a donné un grand rayonnement à la congrégation des bénédictins. La relation avec ce grand et difficile chantier est évidente : ce fut un vrai travail de bénédictin, au pied des Bernardines ! La construction de la route de la Vallée est en effet remarquable à de nombreux points de vue. Dans le domaine routier, les nombreuses contraintes et exigences à respecter ont singulièrement compliqué la tâche des ingénieurs. Il fallut notamment : - trouver un itinéraire pour dévier le trafic des sites urbains de Monthey et Collombey ; - respecter les exigences des plans de zones ; - intégrer le projet dans le site et diminuer les atteintes à l’environnement ; - assurer les raccordements au réseau routier existant ; - projeter le croisement dénivelé de quatre lignes de chemin de fer et d’une route cantonale à grand trafic. Dans le domaine de la construction, complexité aussi, car la moitié des 3,5 km de ce nouveau tronçon est constituée d’ouvrages d’art. Comme les jours, ces ouvrages se suivent mais ne se ressemblent pas. Leur concentration, leur diversité de type, de fonction et de milieu d’implantation, ainsi que leurs conditions d`exécution, en font un ensemble assez exceptionnel. Dans le domaine de la sécurité routière, le tunnel de Collombey, ouvrage dominant de cet aménagement, est un quasi prototype, construit pendant l’élaboration des nouvelles directives de sécurité. Il est équipé des moyens les plus modernes et les plus efficaces en matière de protection des usagers en cas d’incendie. Quatre sorties de secours, disposées tous les 250 m’ permettent aux passagers des véhicules de se mettre à l’abri des fumées en un temps minimum. Dans le domaine environnemental, l’impact de cette réalisation sur l’environnement a fait l’objet de diverses études pour en définir et réduire les nuisances. Les conclusions de ces études ont été intégrées à l’oeuvre. Un mandat particulier a été attribué pour le suivi environnemental du chantier et le respect des diverses ordonnances en matière d’environnement. La gestion des matériaux d’excavation a également fait l’objet d’études particulières pour valoriser au mieux plus de 100`000 m3. Dans le domaine financier, le devis initial de 1994, 114 millions de francs pour l’ensemble du projet, a été respecté. Le coût final, 128 millions de francs, ne diffère en effet que du renchérissement officiel intervenu depuis la date du devis. Cette construction de route principale suisse est à charge financière du canton du Valais avec une importante participation de la Confédération, par l`Office fédéral des routes, à raison d’un taux de subvention de 74 %. Nous voulons dire ici notre reconnaissance à cet Office en l’invitant bien sûr à poursuivre, avec l’argent abondant versé par les usagers de la route, l’effort d’équipement encore nécessaire dans nos régions. Dans le domaine du trafic routier urbain, grâce à cette nouvelle route de déviation, les centres de Monthey et de Collombey seront déchargés du trafic de transit et des nuisances qui s`y rapportent. Le centre de ces agglomérations ne devrait plus être occupé que par les usagers qui s`y rendront volontairement. Dans le domaine économique, l`accès direct depuis l`autoroute du Rhône jusque sur les hauts de Monthey va nettement améliorer les communications avec la vallée d`Illiez et le vallon de Morgins. Il faut s’en réjouir, car l`immense potentiel touristique que représente ce vaste territoire ne peut être correctement exploité qu`avec des voies de communication adaptées au trafic actuel. Le domaine skiable des Portes du Soleil, dont la valeur et les qualités sont reconnues bien au-delà des limites cantonales, attendait donc aussi cette réalisation avec impatience. C’est sans regret que l’on se passera des bouchons du dimanche soir, longs serpents lumineux et venimeux à travers les zones bâties. Le futur, venons-y. La construction routière a une particularité : lorsqu`on élimine un point noir sur le réseau, les autres noircissent un peu plus... Dans cette Vallée, le prochain point noir du réseau est sans conteste la traversée de Val-d`Illiez, totalement inadaptée au trafic actuel, en capacité et surtout en sécurité. Ce projet nécessaire a été décidé par le Grand Conseil, mais la procédure d`autorisation s`avère malheureusement laborieuse et les travaux ne peuvent pas encore débuter. Il en est de même pour les projets de modernisation des installations de remontées mécaniques du domaine skiable des Portes-du-Soleil, dont les procédures d`autorisation sont bloquées. Or ici, comme pour la plupart des vallées valaisannes, l`essor économique dépend essentiellement du tourisme, qui lui-même dépend des infrastructures à disposition et des voies de communication : accessibilité, mobilité, qualité et sécurité sont 4 piliers irremplaçables. Route de la Vallée, ai-je dit en préambule. Oui, mais de quelle vallée, avais-je demandé. La réponse, dans le fond, n’est pas la 1ère que j’ai donnée. La vraie réponse devrait venir sans hésiter : celle de toutes les vallées, à commencer par la vallée du Rhône et son autoroute, qui irrigue les routes principales suisses et autres routes de nos vallées latérales. Or le temps est à l’inquiétude pour les grands projets au vu des difficultés croissantes, techniques, procédurales mais surtout financières. En asséchant les moyens d’améliorer ce réseau, notamment en matière de sécurité, c’est l’avenir du Valais que l’on étrangle, c’est un garrot que l’on place sur nos veines, rendant exsangues des régions alpines entières, les privant des moyens de lutter à armes égales avec la concurrence. Le Conseil d’Etat, avec l’aide des parlementaires fédéraux, est intervenu et interviendra encore auprès des Offices fédéraux et du Conseil fédéral pour que la solidarité confédérale ne se rétrécisse pas aux régions déjà dotées, mais qu’elle permette aux habitants et aux hôtes du Valais et des régions périphériques et alpines de disposer de routes et de moyens de transport sûrs et convenables. On nous répondra certainement qu’il s’agit d’établir des priorités. La première des priorités, la plus équitable, n’est-elle pas de servir chacun une fois avant de repasser le plat à qui s’est déjà servi ? Mais ce jour, un jour au moins, n’est pas au combat : il est à la fête pour un combat de longue haleine remporté ensemble par tous les acteurs ici présents. Cette oeuvre est la vôtre. Je vous en remercie du fond du coeur, chacune, chacun, en formant le voeu que la force de l’ensemble permette de relever d’autres défis. Révérendes Soeurs Bernardines, qui avez exercé d’en haut une surveillance affectueuse et priante, nous aurons encore besoin de vous... Vive la Vallée, vive le Valais !
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