Un Agenda 21 pour le Valais

(Etats généraux 2000 du Développement Durable, Martigny) CADRE GENERAL Le développement durable et l`Agenda 21 : deux nouveaux termes de plus en plus utilisés par les économistes, les sociologues, les protecteurs de la nature, mais aussi par les politiciens et l`homme de la rue. Le développement durable a été médiatisé en 1987 par la commission mondiale pour l`environnement et le développement (dite "Commission Brundtland"). Il s`agit d`une approche permettant de satisfaire les besoins des générations actuelles sans compromettre les besoins des générations futures. Il demande que chaque projet, chaque action soient étudiés et réalisés en tenant compte à la fois des intérêts économiques, des aspects sociaux et de la protection de l`environnement. L`Agenda 21 a été défini au Sommet de la Terre à Rio en 1992 comme un programme d`actions pour le 21ème siècle basé sur le principe du développement durable. Il consiste en un catalogue de mesures réparties dans 40 chapitres traitant entre autres de la lutte contre la pauvreté, du changement climatique, de l`énergie, de la biodiversité, etc.... Les pays, les régions et les localités sont invités à élaborer leur propre Agenda 21 prenant en compte leurs réalités et leurs préoccupations. LE DEVELOPPEMENT DURABLE EN SUISSE En 1992, au Sommet de la Terre à Rio, la Suisse s`est engagée à appliquer au niveau national des stratégies pour un développement durable. Pour cela, le Conseil fédéral a mis sur pied un Comité interdépartemental de Rio regroupant 20 offices fédéraux. Ce Comité a défini les principaux secteurs du développement durable en Suisse à partir desquels le Conseil Fédéral a adopté 11 mesures en avril 1997 (Stratégie pour un développement durable en Suisse). Pour mesurer l`effet de la politique du développement durable, en août 1999, le Conseil fédéral a proposé 35 indicateurs. Le principe du développement durable est consacré dans la nouvelle Constitution fédérale, article 73 : « La Confédération et les cantons oeuvrent à l’établissement d’un équilibre durable entre la nature, en particulier sa capacité de renouvellement, et son utilisation par l’être humain. » LE DEVELOPPEMENT DURABLE EN VALAIS L’article constitutionnel fédéral prône l’équilibre : pas étonnant dès lors que le chef du DTEE qui vous parle, né sous le signe de la Balance, se trouve en charge de cette matière ! Plus sérieusement : on parle du développement durable en Valais depuis quelques années. Rappelez-vous, c`est en avril 1997, que le comité de candidature JO 2006 a créé en son sein un département du développement durable. Ce département a élaboré une charte du développement durable des régions de montagne, accepté par le Grand Conseil le 26 juin 1998. Le Conseil d`Etat quant à lui avait approuvé le 3 juin 1998 déjà cette Charte en tant que directive dans les taches cantonales et s`était notamment engagé à ce que le standard MINERGIE soit aussi répandu que possible dans le Canton. Dans cette Charte, "la population du Valais et ses élus affirment adhérer pleinement aux engagements internationaux de Rio et déclarent vouloir contribuer à leur réalisation". Alors que sur le plan international 3 critères principaux sont pris en compte, la Charte définit elle cinq critères entrant dans le développement durable à savoir : l`efficacité économique, la sauvegarde des fonctions du milieu naturel, la solidarité sociale, le raisonnement culturel et le caractère participatif des prises de décision. Ces 5 aspects forment symboliquement les 5 branches de l’étoile chère au Valais... Le 5 mars 1999, a été créée la Fondation Sion 2006 pour le développement durable des régions de montagne. Elle est présidée par Mme Gabrielle Nanchen. L`Etat du Valais qui a participé au capital de la Fondation est représenté par M. Jean-Jacques Rey-Bellet, Chef du Département des transports, de l`équipement et de l`environnement et par M. Gilbert Fournier, délégué aux questions universitaires du Département de l`éducation, de la culture et du sport. Avant la décision de Séoul, il avait été décidé que quel qu’en soit le résultat, la Fondation, même privée d’importantes ressources financières, poursuivrait son activité : la promesse est tenue. AGENDA 21 EN VALAIS : ETAT DES LIEUX L`Agenda 21, comme déjà mentionné, est un programme d`activités, une liste de mesures qui se basent sur le principe du développement durable. Si la définition et la prise de conscience généralisée du DD sont relativement récente, le souci du DD existait depuis longtemps. Sans remonter aux bisses comme le fait volontiers et avec raison Mme Nanchen, de nombreux projets ou réalisations vont déjà dans ce sens en Valais. Dans un premier temps il convient donc de rassembler des actions déjà en cours, de les faire connaître et dans certains cas de les réorienter. Parmi les cas exemplaires, on peut citer des projets pilotés par l`Etat du Valais tels que : - Minergie : est un projet permettant d`économiser d`importantes quantités d`énergie dans la construction et la rénovation d`habitation. - La construction de l`autoroute à Finges permet l`aménagement et la gestion de cet espace dans le respect des valeurs naturelles, paysagères et culturelles et en cherchant à promouvoir un tourisme doux et didactique. Ce projet est participatif car il a été mené en étroite collaboration avec tous les milieux concernés à travers l`association "Pfyn-Finges : espace de vie et de découverte" - L’élaboration d`un concept paysager (LEK) dans la plaine du Rhône entre Rarogne et Viège s’avère particulièrement judicieux pour un espace largement touché par de grands travaux (A9, NLFA) - Le projet de la 3ème correction du Rhône prend en compte les préoccupations de sécurité contre les crues, d’environnement (revitalisation des milieux naturels longeant le Rhône) et les aspects socio-économiques (intégration dans les activités humaines). Par ailleurs, la liste des 76 projets exemplaires établie par la Fondation Sion 2006 a montré également qu`il existe de nombreuses activités privées ou locales qui s`inscrivent déjà dans une logique du développement durable. Parmi les 14 projets sélectionnés, signalons-en quelques-uns déjà en cours de réalisation : - St-Martin : développement durable par paliers - Bürchen : développement sur le thème " le village de bouleaux" - Sion : cité de l`Energie - Martigny : les installations hydrauliques et Forges, Chemin des Moulins - St-Pierre-de-Clages : développement du village du Livre. AGENDA 21 VALAIS : LE FUTUR Le 17 novembre 1999, le Conseil d`Etat a pris la décision d`élaborer un Agenda 21 pour le Valais afin d`atteindre les buts fixés dans la Charte du développement durable, à savoir : "- Promouvoir des activités économiques diversifiées et génératrices d`emplois durables - Reconnaître et protéger activement les richesses naturelles du Valais - Optimiser la gestion des ressources naturelles : la nature, le paysage, le territoire - Contrôler et agir sur la qualité de l`eau, de l`air et du sol - Minimiser la consommation d`énergies non renouvelables et développer la part des énergies renouvelables - Développer l`offre de transports publics - Favoriser la durabilité et la réhabilitation des équipements et des infrastructures, ainsi qu`optimiser les réseaux existants - Lutter contre l`exclusion, la précarisation et les inégalités sociales en développant la solidarité entre les générations, les communautés et les catégories sociales - Promouvoir la santé de la population - Favoriser l`expression de la culture dans toute sa diversité, ainsi que sa diffusion au sein de la communauté concernée - Reconnaître le patrimoine hérité et le mettre en valeur - Promouvoir la concertation, la recherche du consensus et de solutions sans perdant entre les partenaires du développement durable." Il ne s’agit pas ici de copier un modèle, mais de définir une approche valaisanne du DD. Le Chapitre 28 de l’Agenda 21 de Rio le dit bien : « Il faudrait que toutes les collectivités locales instaurent un dialogue avec les habitants, les organisations locales et les entreprises privées afin d’adopter un programme Action 21 à l’échelon de la collectivité. » J’aurais dû le dire plus tôt : Agenda ne veut pas dire d’abord calendrier, mais au sens premier du terme « ce qui est à faire ». Par un Agenda 21, une collectivité définit ses objectifs à réaliser en fonction de sa sensibilité et de ses besoins propres : un processus participatif est donc indispensable. Plusieurs acteurs ont dès lors été mobilisés pour cette réalisation. La Fondation Sion 2006 a été mandatée par le Conseil d`Etat pour en préparer les bases nécessaires. Il a également nommé une commission de 21 membres provenant de toutes les régions du Canton et issus des différents milieux d`activités de l`économie, du social et de la santé, de l`environnement, du tourisme, de la culture. Ce groupe d’accompagnement présidé par M. Christian Werlen, Chef du Service des forêts et du paysage, aura à inventorier et proposer les mesures à retenir dans l`Agenda 21 Valais. Le projet est également assisté par ce Service. Un rapport de synthèse sera élaboré au début 2001. Il sera présenté au Conseil d’Etat qui choisira la manière la plus appropriée de lui donner vie. Un Agenda ? C’est ce qui est à faire ! C’est donc l’affaire de tous. Les Etats généraux 2000 constituent une occasion privilégiée d’y réfléchir ensemble. Merci à chacune et chacun d’y participer, pour le développement durable du Valais. Jean-Jacques Rey-Bellet Conseiller d’Etat
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