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En cette année internationale de l’eau, il m’est particulièrement agréable de
participer à une cérémonie liée à une molécule qui constitue par essence la molécule
indispensable à la vie. Molécule de vie, elle s’organise malheureusement parfois
pour devenir molécule de destruction... De tout temps les hommes se sont battus
pour ou contre ce composé « anormal » qui faisait dire à St-Exupéry « eau tu n’as
ni goût, ni odeur, ni saveur, tu n’est pas la vie...mais source de vie. » Le murmure
de cette eau charme nos oreilles et celles des touristes, mais il est aussi annonciateur,
lorsqu’il se transforme en roulement et fracas, de catastrophes. Ce fut le cas
il y a quatre ans, presque jour pour jour, le 12 mai 1999 à 20h10, quand un glissement
de terrain, consécutif à la rupture d’une poche d’eau à l’amont, provoqua une
coulée de boue qui coupa en deux le village et défonça deux habitations, ainsi
que le 14 mai à 2h00 du matin lorsqu’une nouvelle coulée provoqua de nouveaux
dégâts. Heureusement sans que nous déplorions la perte de vies humaines. En ce
triste début d’année 1999, après les avalanches dramatiques et meurtrières dont
on se souvient, ce sont des pluies diluviennes qui se sont abattues les 12 et
13 mai. Déluge, le mot n’est pas trop fort : il tomba ces deux jours plus de pluie
que durant tout un mois de mai normal ! La Suisse se retrouva ainsi les pieds
dans l’eau. Inondations, glissements et instabilités de terrain, coulée de boues,
rien ne manqua au sinistre tableau. Pour la Suisse, les coûts totaux de la remise
en état ont été estimés à 800 millions de francs (selon un communiqué du DETEC
du 25 août 1999). Le Valais central fut particulièrement touché, puisque 28 communes
sur 40 annoncèrent des dégâts pour un montant estimé à 7 millions de francs environ
destiné aux travaux urgents et 8 millions aux projets induits. Pour le seul torrent
du Marais, les travaux urgents réalisés entre mai et décembre 1999 se sont élevés
à environ 1`400`000.- -francs. Il y a lieu ici de rappeler aussi le débordement
du torrent de Nava au-dessus d’Ayer et l’obstruction partielle du lit du torrent
du Pétérey à Zinal, de la Navizence à Zinal et Mission à l’embouchure du torrent
de la Gougra par accumulation de matériaux emportés. Evénements qui, heureusement,
furent de peu de gravité. Je tiens à profiter encore une fois de cette occasion
pour remercier toutes celles et ceux qui ont dû intervenir dans l’urgence, les
états-majors, les services techniques cantonaux et communaux, les différents corps
de police, les sapeurs-pompiers, la protection civile et l’armée. Sans oublier
les différentes organisations régionales qui ont participé financièrement à la
remise en état. Après les travaux urgents vint le temps de la réflexion qui devait
permettre de définir les travaux à entreprendre pour corriger le torrent des Marais,
en prenant conscience qu’il s’agit d’assurer la protection contre les crues bien
sûr, mais sans oublier pour autant de revitaliser et redonner au cours d’eau la
place nécessaire dans le milieu naturel et bâti. Ce dossier fit dès lors l’objet
de plusieurs décisions successives : - le 28 avril 2000, l’OFEG accordait une
autorisation provisoire pour construire les secteurs du carrefour du Beauregard
et de la place des Mélèzes ; - le 20 septembre 2000, le Conseil d`Etat octroyait
un crédit d’engagement d’urgence pour l’exécution d’une première tranche de travaux
devisée à 2`041`000.- francs avec un taux de subventionnement cantonal de 30%
; - le 17 novembre 2000, le Grand Conseil déclarait d’utilité publique les travaux
de correction du torrent du Marais devisés à 4`500`000.- francs ; - le 29 octobre
2001, l’OFEG décidait du taux maximal de subventionnement de la Confédération
pour cet objet qui s’est élevé à 65%. Les travaux se sont échelonnés de 2000 à
2002, et leur coût total est resté inférieur au montant devisé. La collaboration
technique et financière avec la Confédération et le Canton, a permis à la commune
de Grimentz d’apporter une amélioration autant sécuritaire qu’environnementale,
pour un montant final lourd mais supportable pour les finances communales. Les
rivières et les torrents nécessitent aujourd’hui et pour le futur la poursuite
des efforts de prévention et de correction déjà entrepris : il s’agit de - reconnaître
les risques résultant des dangers naturels et en tenir compte de manière encore
plus avisée lors de l’utilisation du sol : c’est là un des apports de l’aménagement
du territoire ; - combler le retard concernant la protection contre les avalanches,
les crues, les laves torrentielles, les glissements de terrain et les chutes de
pierres ; - assurer la pérennité du rôle de protection des forêts et des ouvrages
de protection ; - garantir une exploitation et un entretien adapté des surfaces
lorsqu’elles ont une fonction de protection. « Connaître » constitue le premier
pas, indispensable : la démarche visant à établir des cartes de dangers a été
lancée par le Canton dès 1997. Aujourd’hui 20 communes disposent de ces précieux
documents et 40 autres ont un cahier des charges en préparation. Ces études doivent
être poursuivies et amplifiées. Le vendredi 14 mai 1999, j’étais ici pour constater
l’ampleur des dégâts dans un « Grimentz éventré » et évaluer les besoins immédiats
ainsi que les travaux à entreprendre. Aujourd’hui, quatre ans après, j’apprécie
le résultat de la solidarité de tous et les efforts consentis pour intégrer, corriger,
réaménager les rives du torrent et reconstruire plus beau qu’avant. Il est à nouveau
dans son lit et ne devrait plus en sortir. L’attractivité touristique d’un lieu
de séjour dans les Alpes dépend de 3 facteurs : l’accessibilité, la sécurité et
la qualité : conscient de cela, mon département a entrepris d’améliorer l’accessibilité
de Grimentz parallèlement au renforcement de la sécurité. Quant à la qualité de
l’accueil, c’est à vous de jouer, et vous le faites à merveille. Au lendemain
des jours noirs de mai 1999, une habitante de Grimentz (dont le nom commence par
E et finit par y) disait dans une interview : « Ici on met tout notre coeur à
rendre notre station de Grimentz fleurie et pimpante » : le résultat en vaut le
détour. Vous méritez les 4 étoiles et les 2 éclats de diamant de vos armoiries
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