Les moulins valaisans, inventaire Pelet, 14.10.99

Remise des documents du professeur Paul-Louis Pelet sur les usines hydrauliques traditionnelles du Valais Martigny, Moulin de Semblanet, 14.10.99 1738 ! Dans le contexte historique qui nous réunit aujourd’hui, celui des anciens moulins, ce chiffre pourrait constituer la date de construction de la plus ancienne installation découverte par le professeur Pelet au cours de ses innombrables recherches sur les usines hydrauliques traditionnelles du Valais (entendez par là : moulins, scieries, foulons,...). J’ai bien dit : « pourrait constituer » ! La date semblerait plausible, si la plus ancienne date relevée par le professeur Pelet dans son inventaire ne remontait en fait à 1014 (lorsque le roi Rodolphe III de Bourgogne donne ou restitue à l’Abbaye de St-Maurice les moulins rière St-Maurice) , et si cette date n’était suivie de quelque 500 autres mentions bien antérieures à 1738 ! Vous vous en doutez maintenant, 1738 n’est pas une date... Ce chiffre représente en fait le nombre d’installations hydrauliques traditionnelles recensées par le professeur sur le territoire valaisan. Ceci montre à quel point notre Canton, que l’on a toujours qualifié de pauvre, recèle des trésors insoupçonnés. L’étendue du territoire est sans doute pour quelque chose dans la prolifération de ces entreprises proto-industrielles, mais lorsque l’on analyse la diversité étonnante de ce patrimoine, on mesure la part d’ingéniosité et de ténacité qui ont été nécessaires pour tirer parti de chaque configuration des lieux et de chaque organisation locale. En dévalant nos montagnes, l’eau des torrents acquiert une force que l’homme a d’abord crainte, puis appris peu à peu à dompter et à maîtriser pour ses besoins, ouvrant en quelque sorte la voie vers l’hydroélectricité. Témoin de cette richesse, la diversité des utilisations de cette nouvelle force. Ce ne sont pas moins de 73 activités différentes qui ont utilisé cette énergie, depuis le moulin à farine, jusqu’au crible à myrtilles, en passant par la scie, la forge, la boulangerie, la filature, la savonnerie, la baratte à beurre, la triperie, le pilon à écorces, la papeterie, la fabrique de chocolat, et j’en passe... Mais toutes ces richesses seraient restées totalement inconnues et la plupart d’entre elles aurait disparu s’il ne s’était trouvé sur leur chemin un homme passionné qui, une à une, les a patiemment visitées, mesurées, relevées, photographiées, documentées, interrogeant aussi bien les archives que les gens qui les ont vues fonctionner. Sans votre travail de bénédictin, Monsieur Pelet, ce patrimoine se serait peu à peu évanoui et nous n’aurions pu léguer aux générations futures que le souvenir évanescent d’une époque révolue. Mais grâce à vous, grâce aussi à votre épouse qui vous a si admirablement secondé, le canton du Valais renforce la connaissance de son passé et vivifie ses racines, soyez-en chaleureusement remerciés. Jean-Jacques Rey-Bellet Président du Conseil d`Etat
Retour