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Honorer une personnalité pour son engagement et ses mérites est toujours un moment
empreint d’émotion, plus particulièrement lorsque l’élu partage les valeurs qui
sont celles du Valais. J’ai donc le grand plaisir d’accueillir, au nom du Gouvernement
valaisan Monsieur Georges Wenger, chef du restaurant qui porte son nom au Noirmont
dans le Jura. Le lauréat de ce soir n’en est pas à sa première distinction! Après
des stages en Allemagne, en Angleterre, en France et à Bâle, il retrouve en 1981
sa ville natale du Noirmont où il reprend, avec son épouse, le restaurant de la
Gare. Dix ans plus tard, il reçoit une distinction importante : les Clés d’or
GaultMillau. En 1997, il est nommé cuisinier de l’année GaultMillau, 18 points
3 toques rouges, sans oublier son étoile au Guide Michelin, et en 2000 cuisinier
pour la Suisse en Allemagne. Le Valais est heureux de continuer la liste en 2003,
en vous choisissant, Monsieur Georges Wenger, pour recevoir le « Sécateur d’or
», un prix modeste d’apparence, mais à haute valeur symbolique. Tout d’abord,
l’objet. Le sécateur est utilisé de la taille de la vigne à la récolte du raisin,
par plus de 20’000 vignerons valaisans et autant de vendangeuses et vendangeurs,
on peut dès lors affirmer qu’il fait partie du patrimoine... même s’il n’est pas
souvent en or ! En offrant cet objet, c’est un peu du coeur du Valais que nous
offrons. Cette année de chaleur exceptionnelle a surpris le vigneron et précipité
la vendange ; c’est pourquoi les sécateurs sont muets en cette période. Le fruit
du travail du vigneron et le savoir-faire de l’éleveur produiront un vin dont
ils pourront être fiers. On ose l’affirmer, les vins valaisans méritent bien les
médailles qu’ils reçoivent et surtout la reconnaissance dont ils bénéficient,
depuis quelques années, au-delà de nos frontières. A travers le choix de Monsieur
Georges Wenger comme lauréat de l’année 2003, le Gouvernement valaisan veut saluer
l’engagement d’un homme qui croit aux produits du terroir, qui les met en valeur
avec subtilité et créativité, qui les fait connaître à ses hôtes. Un lien fort
nous unit, puisque vous êtes sensible aux valeurs traditionnelles de la terre
jurassienne si proches de celles du Valais. Cher Monsieur Wenger, vous êtes aussi
un ambassadeur fidèle et avisé des vins du Valais, vous savez apprécier leur valeur
: votre carte et votre vinothèque en sont un bel exemple. C’est avec un brin de
fierté que les Valaisans peuvent découvrir à côté de votre liqueur de prunelle
sauvage maison et autres produits de la terre jurassienne de nombreuses spécialités
du Valais, sans négliger celles des cantons voisins. Votre sélection de vins du
Valais est large et précieuse, composée de spécialités et d’assemblages, issus
de cépages autochtones et traditionnels qui font la richesse et la spécificité
de notre vignoble. Bien des Valaisans pourraient se montrer jaloux de la qualité
de l’assortiment que vous présentez ! Il n’en est cependant rien, car nous avons
le même objectif : celui de transmettre un peu de l’art de vivre de nos pays et
de partager nos passions. Vous avez d’ailleurs évoqué avec talent cet art de vivre
dans votre livre « Les saisons de la terre jurassienne » paru en 1997. Au fil
des saisons, vous élaborez vos mets avec des produits authentiques du terroir
pour offrir à vos convives une cuisine régionale de grande qualité. Le canton
du Jura a ainsi le privilège de vous compter parmi les défenseurs des appellations
d’origine, un souci et un but communs avec le Valais, qui promeut son savoir-faire
et ses particularités grâce à deux appellations d’origine contrôlées déjà enregistrées,
les eaux-de-vie de poire Williams et d’abricot du Valais, alors que deux autres
sont en attente, le pain de seigle et le raclette. Grâce à la subtile alliance
des saveurs, des goûts et des couleurs, vins et mets se complètent, se valorisent,
se répondent ; l’esprit du Chef et celui du vigneron se retrouvent par exemple
autour d’un millefeuille au chou, d’une saucisse d’Ajoie et de bolets, accompagné
d’un Païen pour partager un moment de convivialité. Le vin est d’ailleurs partie
indissociable de la culture des pays du Sud où il fleurit. Croyez-vous que j’exagère
? Le Guide Michelin 2003 confirme mes propos : « Le raffinement du décor n’a d’égal
que celui de la cuisine talentueusement personnalisée » ! Aujourd’hui, M. Wenger,
votre passion et votre recherche de l’excellence sont, pour les professionnels
de la vigne et de l’agriculture dans son ensemble, un bel exemple et un encouragement
fort à persévérer. Car le Valais dispose de sérieux arguments pour affronter les
marchés, et il entend développer toujours plus la qualité de ses produits dans
le respect des traditions et du terroir. Parallèlement, nous devons encore apprendre
à sortir de notre réserve naturelle pour approcher le client, de plus en plus
informé et intéressé à la nouveauté. J’en viens enfin au fait ! Cher Monsieur
Wenger, en signe de reconnaissance pour votre travail de qualité , pour votre
soutien éclairé et votre engagement constant en faveur des vins du Valais, nous
vous remettons, ce soir, « le Sécateur d’or ». Je suis sûr que nous nous rappellerons
du millésime viti-vinicole 2003, exceptionnellement précoce et prometteur, mais
aussi du millésime 2003 « sécateur d’or ». En vous redisant les félicitations
et les remerciements du Valais, je vous convie, de même que tous les invités,
à partager un verre de vin de ce pays. Il ouvre l’appétit, mais surtout il ouvre
le coeur : c’est ce qui convient pour un agréable moment de fraternité ! |