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J’ai tout d’abord le plaisir de vous saluer très cordialement au nom du Grouvernement valaisan et en mon nom personnel, de remercier mes concitoyens d’être ici et de féliciter nos hôtes d’avoir choisi le Valais, paradis pour leurs vacances. A tous, bonne fête nationale suisse!
Comme vous sans doute, je pense qu’un discours lors d’une fête doit être comme le trou normand lors d’un bon repas : avalé aussi vite que possible pour profiter de la suite ! Je vous inviterai donc à m’écouter pour 4 mots, 4 mots simples avec, pour chacun, un bref commentaire. Et lorsque vous entendrez le chiffre fatidique de 1291, date de la fondation de la Suisse, vous saurez que c’est la fin, et le moment de votre délivrance !
Nés / pour / vivre / ensemble, tels sont les mots que je veux partager ce soir avec vous, ici à Verbier.
"Nés", tout d’abord. Si nous partageons cette fête, c’est parce qu’avant nous, une longue chaîne de parents ont posé un acte d’amour, de confiance et de générosité. Un acte d’amour bien sûr, mais aussi de confiance en l’avenir et de générosité dans le dévouement. Ce qui est une évidence pour toutes les espèces vivantes ne va pas de soi pour l’homme et la femme de notre temps. Instituant un droit de vie et de mort sur l’enfant à naître, la société actuelle cherche à faire passer la naissance comme un acte banal et individuel, ne concernant qu’une personne. Or nous sommes les preuves vivantes que la naissance concerne aussi ... l’enfant à naître.
Dans les controverses qui agitent la Suisse sur ce thème vital - c’est le mot - je veux espérer que l’amour, la confiance et la générosité ne passeront pas après le calcul, la peur et l’égoïsme. Pour cela, l’Etat - comme chacun de nous autour de lui - doit renforcer encore et toujours les aides matérielles qui permettent à chaque naissance puis à chaque croissance d’être ce qu’elles sont fondamentalement : une joie.
Nés "pour", ensuite. Notre monde est marqué par la compétition, le combat contre l’autre, comme si la survie de soi dépendait forcément de l’élimination de l’autre. Il n’est dès lors pas étonnant que la peur et le repli sur soi l’emportent souvent, à cause du risque d’être battu, rabaissé ou humilié. Certaines sociétés dans le passé ont formé leurs jeunes au combat « contre » ; basées sur la supériorité d’une race ou d’une classe sur une autre, elles ont mené le monde aux guerres et aux exterminations que l’on sait.
L’esprit de compétition présente bien sûr des aspects intéressants tels que la recherche du progrès et le dépassement de soi. Mais le culte de la compétition est éminemment dangereux parce que négatif dans le rapport aux autres. Au contraire et de façon combien plus positive, il faut comprendre que nous naissons « pour », et agir en conséquence. La famille et la société doivent former le jeune pour son épanouissement personnel complet, pour son intégration sociale, pour le service que son activité rendra aux autres. Nos enfants ne sont pas des Pokémons, des Pikachu ou des Tortank que l’on dresse à lutter contre des Salamèche ou des Miaouss jusqu’à ce qu’une attaque « hydrocanon » ou « fatale poudre » leur permette de battre tous les autres ! Donner un sens positif à la marche en avant de l’enfant est indispensable pour son équilibre, et pour l’équilibre de la société où il est appelé à vivre.
"Vivre", justement, est mon 3ème mot. Vivre, c’est naître sans cesse disait Marcel Jouhandeau, c’est naître lentement écrivait Saint-Exupéry. Vivre, c’est-à-dire se développer et se réaliser, nécessite un cadre favorable : un emploi, un environnement, des relations humaines de qualité. C’est à cela, que l’on appelle justement conditions-cadres, que les politiciens de tous bords, mais aussi les citoyens de tous rôles, doivent orienter leurs efforts et leur engagement : c’est là une tâche jamais achevée, toujours exigeante, dont la réussite nous permet ou non de vivre ensemble.
Car "ensemble" est mon dernier mot. Il n’y a sans doute pas de meilleur lieu ni de meilleur moment qu’ici à Verbier et ce soir de 1er Août pour constater que nous sommes effectivement, irrémédiablement, heureusement nés pour vivre ensemble - geboren um zusammen zu leben / born to live together. En ce haut lieu du tourisme et des rencontres, de plus en période de festival, dans une commune qui rassemble les activités de l’agriculture, de l’artisanat et des services, vivre ensemble est une évidente nécessité.
La commune de Bagnes pratique même la vie ensemble jusque dans ses armoiries, puisque celles-ci représentent deux personnes dans un même bain ! Je ne vous encourage pas à pousser toujours aussi loin le sens du partage concret, mais je veux souligner que « ensemble » signifie des contacts, suppose des facultés d’ouverture, exige de la compréhension et de la tolérance pour que la solidarité puisse s’exercer. Tout le contraire de ce qui règne d’ailleurs dans les grands « ensembles » construits que l’on s’empresse de quitter pour le temps des vacances !
Voilà, mes chers Amis, je n’ai pas cherché à vous donner un cours d’histoire suisse, ni un état de la situation économique helvétique : peut-être me le reprocherez-vous. Mais à travers 4 mots, 4 simples mots, j’ai tenté de vous dire à la fois l’origine, la raison d’être, l’ambition et le rôle de notre pays : la Suisse est née pour vivre ensemble, comme chacune et chacun de nous - dieses Land ist geboren um zusammen zu leben wie Jede und Jeder von uns / this country was born to live together like everyone of us. C’est pour cela que ce pays vit depuis 1291. Parce que nous ressemblons tous à la Suisse, nous sommes tous suisses ce soir !
Merci de votre écoute et bonne fête.
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