Les routes valaisannes, Editorial VSS, novembre 1998

EDITORIAL Au milieu des Alpes qui l’entourent tant au nord qu`au sud et à l`est, le Valais, canton alpin par excellence, ne dispose d`un débouché de plaine vers le reste de la Suisse que par l`ouest grâce au Rhône, fleuve qui, avec les glaciers, a façonné ce canton souvent appelé le "Vieux-Pays". Depuis toujours, les Valaisans ont cherché à s`affranchir de l`isolement provoqué par ces barrières montagneuses. Sans relâche, ils se sont donc ingéniés à construire des liaisons routières et ferroviaires leur permettant des échanges avec leurs voisins confédérés vaudois, bernois, uranais et tessinois, ou français et italiens. Pays à vocation touristique privilégiée, le Valais se doit de disposer d`infrastructures de transport sûres, confortables, rapides et attractives desservant l`ensemble de son territoire de manière optimale. Ces infrastructures sont conditionnées par une topographie "en arête de poisson" dont la colonne vertébrale suit le Rhône d`est en ouest, de Gletsch à St-Gingolph, avec de multiples ramifications constituées par les vallées latérales. La colonne vertébrale du Rhône est parcourue aussi bien par les voies ferrées (CFF et FO) que par l`autoroute A9 et la route cantonale T9. Dans les vallées latérales, le réseau ferroviaire perd souvent de son importance pour céder la place à un réseau routier d`envergure. Cependant, une judicieuse conjugaison du rail et de la route, avec l’importante contribution d`un service de bus très étoffé, permet d`assurer une offre en transport public développée et performante malgré la complexité géographique des régions à atteindre. Au fil du temps, au fur et à mesure de son désenclavement, le Valaisan a élargi son désir de mobilité, d`abord pour accéder des vallées latérales à la vallée centrale du Rhône, puis pour multiplier tous azimuts les contacts intercantonaux et internationaux. La configuration du territoire rend très souvent dépendant de l’automobile : celle-ci est ainsi devenue un moyen de locomotion primordial. Preuve de ce besoin de mobilité par la route : l`explosion du parc automobile valaisan, qui en 30 ans a fait passer le canton de la vingtième à la 4ème place suisse avec près de 500 véhicules pour mille habitants. L`accroissement du trafic a suivi la même courbe, si bien que les pointes sur l’autoroute A9 atteignent plus de 35`000 véhicules/jour. L`analyse de ce trafic - 75% des mouvements en trafic interne, 20% en échange origine-destination et seulement 5% en transit - démontre très clairement que c`est d`abord le Valaisan qui utilise son réseau, que le solde est pratiquement à mettre au crédit du tourisme alors que le trafic de passage est réduit. Pour répondre à la demande croissante de mobilité individuelle - seuls 18% des déplacements s’effectuent avec les transports publics pourtant développés sur 1800 km de lignes - le canton a aménagé un réseau routier très structuré qui s`étend sur plus de 2100 km. Répertorié dans l’inventaire STRADA et hiérarchisé selon la loi sur les routes, le réseau routier valaisan va de l`autoroute A9 - le plus grand avaleur de trafic - aux chemins cantonaux en passant successivement par les routes principales suisses, les routes cantonales et secondaires, cataloguées à chaque fois « de plaine » ou « de montagne ». Sur les 133 km de routes nationales, 36,5 km restent à réaliser de Sierre Ouest à Brigue. Plus de dix ans seront encore nécessaires pour parvenir au terme de ce grand chantier dont le coût total s`élèvera à 5 milliards. Même si les 225 km de routes principales suisses sont en bonne partie achevés, des investissements pour près d`un milliard sont prévus dans les 20 prochaines années. L`article ci-après de l`ingénieur cantonal établit un aperçu détaillé de ce domaine. Pour le reste du réseau cantonal, on peut admettre aujourd`hui que la construction de base est pratiquement terminée. Les travaux se concentrent dès lors essentiellement sur la sécurité par l`amélioration ponctuelle du tracé aux endroits dangereux, par la construction de galeries contre les avalanches et les chutes de pierres, et par l`adaptation du réseau au trafic (giratoires, lacets, intérieurs de localités, ...). La prise en compte de plus en plus conséquente des besoins environnementaux conduit également à promouvoir les évitements de localités et les modérations de trafic. Ces adaptations apportent une sensible amélioration de la qualité de vie en zone urbaine et permettent des aménagements plus conviviaux rendant partiellement la rue aux habitants et aux touristes. Sans sous-estimer l’indispensable complément du réseau évoqué jusqu’ici, la préoccupation principale se portera à l`avenir sur l`entretien. A côté de l`autoroute dont l`entretien est très largement assumé par la Confédération, il s`agit de maintenir 2100 km de routes, mais aussi plus de 2000 ouvrages d`art, dans un état de conservation qui réponde aux besoins des usagers. En s`appuyant sur la banque de données routières STRADA DB et sur les moyens modernes d`investigation de l`état des chaussées et des ouvrages d`art, un système de gestion de l`entretien (SGE) optimalisé se met en place. Pour réduire les frais, il est en effet essentiel d`intervenir au bon moment et avec la bonne méthode : en cas de dégradations irréversibles, la reconstruction s`imposera avec d`importantes conséquences financières et perturbations de trafic. La maintenance du patrimoine routier prendra donc de plus en plus d`importance dans le futur : la qualité des routes valaisannes est à conserver, pour nos habitants et nos hôtes, jusqu’aux JO 2006 et au-delà... Sion, le 26 octobre 1998 Jean-Jacques Rey-Bellet Conseiller d’Etat
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