|
Au nom du Conseil d’Etat du canton du Valais, j’ai l’honneur de m’adresser à vous aujourd’hui à l’occasion de l’ouverture de cette 40ème édition de la Foire du Valais que l’on nous prédit rugissante. Un adjectif - me direz-vous - qui s’impose de lui-même dans la Cité du lion, mais qui n’est pas sans évoquer - outre la puissance - le côté effrayant de cet animal.
Faut-il y voir un avertissement, et craindre cette année la présence de fauves dans les allées du Cerm ? Une première visite m’a pleinement rassuré : tout au plus y rencontre-t-on - à l’affût - l’une ou l’autre « bête politique». Plutôt inoffensives, crocs et griffes rentrés, aucune ne donne de la voix. Mais on les sent par contre bien disposées à en prendre... Nous n’aurons par conséquent rien à craindre d’elles, et il y a fort à parier que cette traditionnelle fête, un peu « parc National dans tous ses Etats en cette saison pré-électorale », soit comme chaque année l’occasion d’inoubliables et fameux moments d’échanges et d’amitié.
Non, Mesdames et Messieurs, les fauves vraiment dangereux ne se montreront pas ici. Je veux parler de ces chantres de la mondialisation, ceux qui érigent la rentabilité maximale en seul et ultime objectif : trop petite, trop régionale, pas assez globale, restant humaine dans son succès, conservant une réelle identité, la Foire du Valais ne les intéresse pas !
C’est tout le contraire des autorités de ce canton, qui depuis bien longtemps ont saisi l’importance de cette manifestation pour l’économie valaisanne. Une économie convalescente certes, chahutée par les déferlantes successives des fusions et autres restructurations. Mais une économie qui a pourtant retrouvé un cap vers des horizons plus clairs. Et le Conseil d’Etat est déterminé à ne lâcher ni le gouvernail ni le cap : gageons qu’une fois le gros temps - les 40èmes rugissants- derrière lui, le Valais sera fort pour poursuivre sur la route du 3ème millénaire !
Si à l’instar de la Suisse, le Valais a traversé la période de crise des années 90 sans trop de graves dommages, c’est certainement grâce aux solides bases sur lesquelles repose son économie : un niveau de formation élevé, un savoir-faire éprouvé et une grande capacité d’entreprendre et d’innover. Dans ses lignes directrices, le gouvernement a mis l’accent de façon constante et cohérente sur sa politique en matière de conditions-cadres. Très clairement, cette politique vise l’amélioration de l’attractivité de la place économique valaisanne et de la valeur ajoutée des emplois. C’est là d’ailleurs le premier axe du nouveau projet de loi en faveur du développement de l’économie valaisanne adopté à une large majorité par le Parlement il y a tout juste une semaine.
Si l’action gouvernementale dans le domaine de la promotion économique ne date pas d’hier, je veux rappeler qu’en 1997, nous avons pris des mesures spécifiques visant au redéploiement de l’économie. Ce programme « intérieur » a été accompagné d’un engagement résolu dans des domaines stratégiques d’importance tels que les nouvelles transversales ferroviaires, la construction de l’autoroute dans le Haut-Valais, la participation du canton à la HES de Suisse occidentale, la nouvelle péréquation financière fédérale, sans oublier la mise en oeuvre d’une politique en faveur du développement durable. En avril dernier, nous avons affirmé, avec nos partenaires et amis valdotains, notre volonté de relancer le projet de tunnel ferroviaire Martigny-Aoste, et nous prendrons en novembre les premières décisions concrètes à ce sujet. Ces prochains mois, nous devrons encore faire preuve de persévérance et de persuasion dans la lutte pour l’introduction d’une taxe sur l’énergie permettant d’atténuer certains effets pervers de la libéralisation du marché de l’électricité : l’avenir de nos forces hydrauliques, sources d’énergie propre et renouvelable, en dépend.
L’émergence d’un environnement globalisé fragilise la position de certains secteurs économiques particuliers. C’est ainsi que la viticulture est particulièrement touchée. Aussi le Conseil d’Etat a-t-il mis en action un groupe chargé de trouver des solutions pour l’avenir de ce domaine. Présidé par le directeur de l’Office fédéral de la viticulture et secondé par un institut de marketing pour l’analyser des marchés actuels et potentiels, ce groupe de travail réunit les principaux acteurs valaisans concernés. J’ai choisi cet exemple parce qu’il illustre parfaitement le rôle qu’entendent jouer les pouvoirs publics dans ce canton : celui d’incitateur, dans un respect intelligent de la subsidiarité.
Au titre d’amélioration des conditions cadres, le Valais veut également agir dans le domaine fiscal, en prévoyant des allégements en faveur de l’économie. Dans cette perspective, nous avons mis en consultation une modification de la loi fiscale. Y sont notamment prévus la réduction de l’impôt sur le capital accompagnée du passage à l’impôt proportionnel sur le bénéfice, mais également des mesures en faveur de l’agriculture et des allégements en faveur des bailleurs de fonds à des sociétés de capital-risque. Sans parler des allègements pour les familles et les revenus modestes, ce sont quelque 20 millions de francs qui retourneront - en cas d’acceptation par le Parlement - aux mains de l’économie : voilà de quoi améliorer l’attractivité du Valais pour les nouvelles entreprises, et soulager celles qui se trouvent en nécessaire restructuration.
Vous pouvez le constater, les défis à relever sont nombreux ! Nous sommes cependant convaincus que l’intégration du canton dans l’économie globale doit se faire par le biais de l’économie locale. J’insiste sur ce point : une meilleure compétitivité ne passe pas uniquement par la création de synergies, souvent synonymes de suppressions d’emplois. Il faut également miser sur l’innovation afin d’accroître nos parts de marchés et créer des places de travail.
Oui, Mesdames et Messieurs, l’économie locale a un avenir ! Et cette Foire du Valais en est la première manifestation. Une Foire au visage humain, avec des travées bondées et remuantes dans lesquelles il fait bon s’attarder et où s’affairent petits et moyens commerçants ou entrepreneurs. Le « Comptoir » - comme d’aucuns l’appellent encore - est le parfait reflet de ce Valais qui bouge, qui se bat avec un cœur de lion. Pour cela, il mérite amplement le qualificatif de rugissant !
Reflet du Valais, ai-je dit. A ce seul titre, cette Foire justifierait notre soutien. Mais elle est devenue bien plus que cela : elle est ouverture. Le choix des invités de cette édition pourrait d’ailleurs s’intituler « ouverture vers les origines ».
La présence de la Grèce, l’un des berceaux de notre culture, nous rappelle fort à propos qu’il faut en toutes choses garder la mesure : « Médèn agan » = rien de trop, c’est une devise de la sagesse grecque à inculquer aux accros de la globalisation comme aux disciples de Bacchus - pardon ! de Dionysos. Bienvenue à la Grèce !
Ouverture vers nos origines encore avec la venue de Chambéry et de la Savoie. Plus que des liens d’histoire, ce sont des liens de parenté - je dirai même de race - qui nous unissent : martignerains et chablaisiens le savent bien, mais c’est tout le Valais qui doit vous connaître : bienvenue à la branche savoyarde de notre famille, puisqu’elle est chez elle chez nous !
Ouverture vers les origines toujours, avec la redécouverte du 1er matériau de construction, le bois, à travers Forêt-Bois-Valais. Matériau veineux et veinard, chaleureux et vivant, il est à l’image de la Foire : vive le Bois !
Ouvertures enfin avec l’Association Valais-Argentine, c’est évident, et avec le Village du Livre : un livre, ça ouvre quand on l’ouvre et on ne le referme que pour en ouvrir un autre !
Oui vraiment : reflet et ouverture, telle est cette 40e Foire du Valais. Pour tout cela je veux adresser les plus vives félicitations et les remerciements du Gouvernement valaisan aux organisateurs. Mais vous les connaissez : malgré leurs 40 ans, ils sont restés modestes comme des jouvencelles, au point que le moindre compliment empourpre leurs visages : j’en reste donc là pour leur éviter de devenir les ...
40èmes Rougissants. Plein succès pour cette édition et sur la route désormais large, dégagée et souriante du demi-siècle !
Bonne fête à tous.
Jean-Jacques Rey-Bellet
Président du Conseil d`Etat
|