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Mgr Joseph Roduit, nouvel Abbé territorial de St. Maurice, M. le Cardinal Henri
Schwery, Mgrs les Archevêque, Evêques, Abbés et Prévôts, MM. les Chanoines et
prêtres amis de l’Abbaye, Révérendes Soeurs, Mmes et MM. les représentants des
autorités religieuses, civiles et militaires, françaises, italiennes et suisses
Mesdames et Messieurs, Cette année 1999 représente un privilège redoublé pour
moi, et une pénitence renouvelée pour ceux d’entre vous qui avez aujourd’hui à
me subir une seconde fois, après la bénédiction abbatiale du 31 juillet dernier.
Mon ton changera quelque peu, car mon message du 31 juillet était d’abord celui
du paroissien le plus proche de l’Abbaye et, j’ose le dire, celui d’un ami. Mon
message de ce jour, vous le savez, est celui du Conseil d’Etat valaisan, qui vous
salue respectueusement, Monseigneur, et tous vos invités, en cette première Fête
de S. Maurice après votre prise du pouvoir ! Mais si le ton est moins personnel,
plus solennel, je puis vous assurer que mes propos présidentiels ne seront pas
moins sincères. Un peu à l’image de l’an 999, l’actuel millésime fera date pour
le Valais sur les plans ecclésiastique et civil. C’est en effet à un certain «
Tourbillon » ecclésial auquel nous assistons avec la donation du château du même
nom - merci, Monseigneur de Sion ! et avec l’élection d’un nouvel Abbé en Agaune.
Après les années de grande générosité charismatique de Mgr Salina, c’est également
une donation que le chapitre abbatial fait au Valais en portant à la charge d’Abbé
Mgr Joseph Roduit. Au nom du Conseil d’Etat et, vous le devinez, en mon nom personnel,
ce sont trois sentiments que je veux exprimer en ce moment : une conviction, une
espérance et une action de grâces. La conviction tout d’abord. Avec vous tous,
nous sommes convaincus que le Chapitre abbatial a fait le bon choix en élisant
M. le Chanoine Joseph Roduit. Il ne pouvait pas en aller autrement si l’on sait
que les bulletins de vote ont été déposés dans le calice du cardinal Mathieu Schiner,
clin d’oeil amical ou surveillance discrète du Valais « supérieur »... Conviction
aussi, Mgr Roduit, que ce n’est pas déchoir de passer du canton de Bagnes dont
vous eûtes la charge à ce territoire abbatial plus exigu de géographie mais combien
plus étendu de rayonnement. Conviction enfin que les qualités qui vous sont reconnues
contribueront, comme ce fut le cas avec Mgr Salina, à perpétuer le rayonnement
- je devrais dire l’irradiation puisqu’elle marque en profondeur - issu(e) du
plus ancien monastère chrétien d’Occident. L’espérance ensuite, et mon propos
sera là plus politique. Ce siècle a été marqué par le débat et la réalisation
de ce que l’on a appelé « la séparation de l’Eglise et de l’Etat ». Nous voulons
insister sur le sens seulement institutionnel de cette séparation. Elle ne signifie
pas ignorance réciproque, elle implique au contraire un effort de collaboration
soutenu. Notre espérance est donc, plus que jamais en ces temps marqués par les
doutes et les fragilités, que l’Eglise en général, l’Abbaye en particulier et
vous-même Monseigneur en personne, pratiquent ce que certains ont appelé le «
devoir d’ingérence ». La mission d’enseignement que vous vous êtes donnée peut
et doit s’étendre du collège à l’ensemble des domaines de société où les valeurs
chrétiennes ont leur place. Le lien étroit avec la cité des hommes doit être toujours
renforcé, dût-il de temps à autre en coûter, comme en 1693, la propagation d’un
incendie ! Cette espérance, Monseigneur, se mue en certitude lorsque l’on considère
que Joseph, fils de Jacob, a ouvert le chemin de Dieu et que Joseph de Nazareth
fut le père nourricier par excellence. Votre homélie engagée de ce matin confirme,
si besoin était, que la voix de l’Eglise qui est en Valais, Théodule et Maurice
d’une même voix, ne s’abstiendront pas plus demain qu’hier. L’action de grâces
enfin. Les voeux du Conseil d’Etat vont, je l’ai dit, à Mgr Roduit comme nos remerciements
vont à Mgr Salina, remerciements et voeux allant plus largement à cette Abbaye
chère au coeur du Valais. Mais ce que l’on attend d’un Gouvernement, ce sont habituellement
des actions... Or, en ce jour de fête, il me revient le mot de Marcel Clément
préfaçant le livre magnifique du Chanoine Michellod « S. Maurice, primicier de
Dieu » : « Le retour des fêtes signifie le retour des grâces « C’est donc une
action de grâces que le Conseil d’Etat veut rendre pour les grâces qu’il reçoit,
en tout temps nous l’espérons, mais plus spécialement en ce jour de fête auquel
nous avons été associés. Merci de votre... indulgence, belle fête à tous ! Jean-Jacques
Rey-Bellet Président du Conseil d`Etat |