Le Conseil d`Etat à Strasbourg

- Rencontre avec M. Hans Christian KRÜGER, Secrétaire général adjoint du Conseil de l`Europe C’est à la fois émus et impressionnés que nous avons entrepris ce matin notre visite du Conseil de l’Europe et de ses différents organes. A notre arrivée ce matin sur le parvis de l’imposant Palais de l’Europe, l’ambitieuse volonté exprimée par les fondateurs de cette institution fédératrice - « L’Europe sous un seul toit » - s’est d’un seul coup concrétisée. Et de quelle manière ! Evoquer la naissance du mouvement européen, et les pères fondateurs que furent les grands hommes Robert Schuman, Paul-Henri Spaak et autres Konrad Adenauer, c’est inévitablement repenser aux événements tragiques qui en ont été le ferment : les terribles combats du deuxième conflit mondial, entre 1939 et 1945. C’est le revers de la médaille ! Mais comme l’on dit souvent, à quelque chose malheur est bon : à la haine et aux atrocités commises durant le conflit a succédé une formidable volonté de reconstruction. Un désir farouche de mettre à jamais fin à l’horreur des conflits. Certes, le moment était propice : à terre, l’Europe ne pouvait que se relever. Reste qu’il faut saluer le courage politique de ces hommes qui - à l’encontre de puissants sceptiques mais soutenus par un puissant courant d’opinion - ont tout entrepris pour tenter le pari de l’union. Et ils ont réussi ! Certes, rien n’a été facile. Mais les 41 drapeaux qui flottent aujourd’hui devant le Palais de l’Europe représentent leur victoire, mais également celle de la démocratie : aujourd’hui, ce sont 41 pays libres qui participent au développement de l’idéal démocratique et des droits de l’Homme. D’autres viendront, à n’en pas douter, s’asseoir autour de la table. Beaucoup de gens font l’amalgame entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, mélangeant indistinctement les deux ! La Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne, et le débat sur ce sujet fait, vous le savez sans doute, l’objet d’importants débats dans notre pays. Mais depuis le début des années soixante, la Suisse participe activement aux travaux du Conseil de l’Europe. Quoi de plus naturel en fait ? La culture politique de ce pays, fondée sur la fédération d’entités linguistiques, confessionnelles et culturelles différentes, est bien placée pour traiter des problèmes liés à la compréhension entre les peuples. La situation géographique du canton du Valais, au carrefour de l’Europe, met ce dernier en contact direct avec ses voisins français et italiens, ce en dépit des imposantes barrières naturelles qui l’en séparent. Pour les autorités cantonales, les occasions d’établir des liens plus ou moins étroits avec leurs homologues haut-savoyards et valdotains sont nombreuses. Par le biais de diverses organisations transfrontalières, le Valais développe activement ses relations avec ses voisins. Aussi, c’est avec une attention toute particulière que le Conseil d’Etat prend connaissance des travaux du Conseil de l’Europe. Lors de son entrée en fonction, le nouveau secrétaire général du Conseil de l’Europe a déclaré vouloir consolider l’élargissement de l’Organisation, et faire (je cite) « le meilleur usage de son rôle primordial en matière de droits de l’homme dans la prévention des conflits en Europe. La tâche est ardue et conséquente, et nécessitera l’engagement de toutes les démocraties du continent. Mais la pensée d’une réalisation future de ces nobles objectifs est porteuse d’un espoir que, j’en suis certain, la presque totalité des européens partagent. Puissent-ils être réalisés ! Avant de terminer, je voudrais souligner le plaisir que nous avons à séjourner à Strasbourg, et vous adresser au nom du Gouvernement du canton du Valais, nos plus vifs remerciements pour l’organisation de ces deux journées! Nous souhaitons que nos relations, entamées l’été dernier en Valais au cours de la remise d’un parchet de vigne au Conseil de l’Europe, puissent se poursuivre à l’avenir. - Rencontre avec M. l’Ambassadeur Alfred RÜEGG, représentant permanent de la Suisse auprès du Conseil de l’Europe Par votre entremise, nous avons eu l’occasion au cours de cette journée de faire plus ample connaissance avec le Conseil de l’Europe et deux de ses organes, l’Assemblée parlementaire et le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux. La visite au Parlement européen a également été l’un des points forts de cette journée. Nous avons été à la fois émus et impressionnés. D’une part en raison de la taille des infrastructures, bien entendu - mais surtout du fait de la charge historique dont ces dernières sont porteuses. L’épopée des « pères de l’Europe », les Jean Monnet, Konrad Adenauer et autres Robert Schuman nous a semblé plus palpable à la vue des imposantes réalisations qui abritent aujourd’hui les institutions qui ont vu le jour à leur initiative. Comme il arrive souvent avec les grands hommes, ce n’est que plus tard qu’ont été reconnus leur courage et leurs qualités de visionnaires. Qu’importe ! La gratitude importait peu à ces hommes simples. Après les affres de deux conflits mondiaux successifs, leur unique idéal consistait en la réalisation d’une Europe unie et pacifiée, fondée sur une alliance durable entre différentes démocraties. Peu à peu, le temps leur donne raison : au-delà des différences culturelles, les peuples du Vieux Continent s’assoient les uns après les autres à la même table, et dialoguent autour des grands principes que sont la démocratie et les droits de l’Homme. C’est un premier succès, même si la tâche à accomplir en vue d’une union des peuples européens est immense. En tous les cas, c’est animés d’un profond respect pour ces précurseurs que nous avons effectués aujourd’hui la visite de ces institutions. Et quelle ne fut pas notre fierté de voir flotter, au milieu de 40 étendards européens, le drapeau rouge à croix blanche ! Certes, le Conseil de l’Europe n’est pas l’Union européenne... Il nous y rattache pourtant, ne serait-ce que symboliquement. Plus sérieusement, quoi de plus naturel que de voir la Suisse - la plus ancienne fédération du monde après les Etats-Unis d’Amérique et siège de nombreuses organisations internationales - participer à la promotion des principes démocratiques et à la défense des droits de l’Homme ? La culture consensuelle développée depuis des siècles dans notre pays, comme notre grande expérience du fédéralisme, nous place parmi les pays les mieux à même d’aborder les problèmes traités par le Conseil de l’Europe. Ce n’est pas non plus un hasard si la nouvelle Cour européenne des droits de l’Homme, inaugurée en 1998, est présidée par le Suisse Luzius Wildhaber. Monsieur l`Ambassadeur, vous êtes vous-même né dans un canton placé, comme le Valais, à la frontière entre trois pays. A l’instar de nos voies alpines, le Rhin est à Bâle une artère cruciale qui relie la Suisse aux pays qui l’entourent, et autour de laquelle s’est formée l’une des plus célèbres régions transfrontalière : la Regio Basiliensis. Plus encore qu’en Valais - où l’imposante chaîne des Alpes rend certainement les échanges plus difficiles - Bâle est idéalement située. Ce n’est pas par hasard si la cité rhénane est depuis le Moyen-Âge un centre culturel et universitaire de tout premier plan, et une cité industrielle incontournable depuis le XIXème siècle. Ce fut la ville des humanistes, dont le plus célèbre, Erasme, eut un jour cette parole : «Jadis le Rhin a séparé le Français de l’Allemand, mais le Rhin ne peut séparer le chrétien du chrétien ». A l’image de Bâle, dont l’histoire européenne est déjà riche de plusieurs siècles, le Valais avance petit à petit sur le chemin de la construction transfrontalière, et se façonne peu à peu une identité supra-nationale. La Suisse est un si petit pays ! Au centre géographique de l’Europe, elle doit poursuivre son ouverture vers ses voisins européens et apporter sa pierre à l’édification d’une Europe fédéraliste basée sur les régions. Nous pensons qu’il sera ainsi possible de réaliser le rêve des pionniers de l’Europe, à savoir construire une Europe unie dans le respect des différences culturelles des peuples qui la composent. Avant de terminer, je voudrais souligner le plaisir que nous avons à séjourner à Strasbourg, et vous adresser au nom du Gouvernement du canton du Valais, nos plus vifs remerciements pour l’organisation de ces deux journées!
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