Y a-t-il une retraite pour les femmes ? Martigny, 01.10.99

Colloque romand organisé par Pro Senectute Permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter, au nom du Conseil d’Etat, une cordiale bienvenue en Valais à l’occasion de cette Journée internationale des personnes âgées, et de la tenue de cet important colloque. L’année 1999 a été déclarée « Année internationale des personnes âgées ». C’est l’occasion de porter la réflexion sur une série d’évolutions qui ont marqué cette fin de XXe siècle, et sur les conséquences que ces évolutions provoquent sur la qualité de vie des aînés. On connaît les changements structurels qui sont intervenus, et les indices démographiques qui établissent le vieillissement de la population : ainsi les progrès de la médecine, associé à un accès généralisé aux soins, ont conduit à une augmentation sensible de l’espérance de vie : le nombre des plus de 64 ans a plus que doublé depuis 1950, tandis que celui des plus de 80 ans a plus que quadruplé ! Durant ce temps, le nombre des moins de 20 ans a progressé beaucoup plus lentement, en raison du faible taux de fécondité. Cette évolution, à elle seule, suffirait à mettre en danger le financement des assurances sociales, et notamment celui de l’Assurance Vieillesse et Survivants (AVS). L’application du principe fondateur de cette assurance - à savoir la solidarité entre les générations - pourrait ne plus être garantie, puisqu’à terme les cotisations des générations actives ne suffiront plus à couvrir les rentes des retraités. Dans sa réflexion pour trouver de nouvelles sources de financement, la Confédération ne doit pourtant pas perdre de vue ce principe élémentaire de solidarité. La situation économique actuelle, combinée avec les modifications de société, en renforce l’exigence. Parmi les groupes de population particulièrement touchés par l’évolution de la société, les personnes âgées sont souvent les plus démunies : en dehors du monde du travail, souvent en proie à des problèmes de santé et parfois seules, ces personnes auxquelles nous devons ce que nous sommes ne retiennent pas l’attention qu’elles méritent. A l’occasion de la consultation fédérale de fin 1998 concernant la 11e révision de l’AVS, le Conseil d’Etat valaisan avait exprimé son adhésion à la consolidation du financement, à un âge de la retraite uniforme avec introduction d’un système à la carte, un échelonnement de la réduction pour les personnes de condition modeste basé sur le revenu annuel moyen, enfin une coordination avec la prévoyance professionnelle. Le débat, Madame la Présidente le sait mieux que quiconque, est très animé et loin d’être clos, la difficulté étant de trouver un juste équilibre : le poison est dans la dose... Le problème du 3e âge et de la retraite doit évidemment être considéré dans un ensemble. Mais cela ne dispense pas d’examiner plus particulièrement certaines catégories de personnes lorsqu’elles présentent des difficultés spécifiques. C’est le cas des femmes, bien sûr, sinon nous ne serions pas là ! Une journaliste titrait pour annoncer cette journée : « Retraite, privilège masculin ». A ce titre provocateur - surtout sans point d’interrogation - mais non dénué de fondement, on peut répondre par des explications, des « parce que » : non-reconnaissance historique de l’activité au foyer comme un travail, entrée accélérée des femmes dans le monde du travail professionnel rémunéré, nécessité fréquente du temps partiel, etc. Mais il ne s’agit là que d’explications peut-être satisfaisantes, et non de justifications à la situation actuelle qui, elle, est souvent insatisfaisante. L’économiste et Prix Nobel Jan Tinbergen nous avertissait déjà voici 38 ans : « Ce serait une erreur de penser que celui qui paie apparemment la contribution de sécurité sociale est celui qui la paie réellement. ». Cette constatation a gardé une certaine pertinence si l’on observe la situation de la femme face aux 1er et 2e piliers. Si des progrès ont bien sûr été faits, grâce par exemple au bonus éducatif, des améliorations doivent encore être possibles. Faute de compétence, mais non de bonne volonté, mon rôle ici n’est pas de prétendre vous aider : il est de remercier les experts que vous êtes de consacrer votre temps à cette importante question. La qualité des intervenants et des participants annoncés à ce colloque permettra - j’en suis certain - d’examiner et d’approfondir des solutions innovatives et équilibrées qui alimenteront les futurs débats sur l’avenir de nos assurances sociales. Je vous remercie pour votre attention, et vous souhaite une fructueuse journée. Jean-Jacques Rey-Bellet Président du Conseil d`Etat
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