Foire du Valais, ouverture, Martigny

La 40ème Foire du Valais avait été rugissante... et j’y avais rugi déjà comme président du Conseil d’Etat. Cette 44ème édition, elle, va être chaude, embrasée même, si l’on se fie à la présence du tropical Brésil à l’honneur de cette Foire. Et voilà que j’y suis à nouveau ! Faut-il en conclure que la présence d’un président bas-valaisan du Conseil d’Etat suffit à faire monter d’un cran la température automnale de la Foire du Valais. Le phénomène est en tous cas dopé par la présence de notre Président de la Confédération - que je salue respectueusement et cordialement - puisqu’il est également présent à ces deux mêmes éditions ! Plus modestement, et connaissant les qualités d’anticipation des responsables de la Foire, l’on pourrait soupçonner M. le président Monnet d’avoir osé cette année encore un parallèle malicieux avec les élections fédérales à suivre. Des élections qui suffisent à elles seules à « chauffer l’atmosphère », mais que la Foire s’attache à rendre plus chaleureuses... Clins d’oeil mis à part, vous aurez compris que j’éprouve à nouveau un plaisir et un honneur tout particulier à participer à l’ouverture officielle de la Foire du Valais, la Foire de tous les Valaisans, et à vous transmettre les meilleurs voeux de succès du Gouvernement à cette occasion. Si j’ai placé mon premier propos sous le signe de la chaleur, c’est aussi et surtout parce que notre économie attend confirmation du réchauffement conjoncturel que l’on annonce. Permettez-moi, à cet égard, de rappeler trois points qui me tiennent à coeur : 1) J’aimerais tout d’abord souligner l’ouverture et la diversification de notre économie cantonale. En effet, face à certains préjugés tenaces, il convient de rappeler, - « cent fois sur le tam-tam médiatique remettons notre ouvrage », - que l’économie valaisanne gagne plus d’un franc sur deux à l’exportation. Il le fait grâce à un secteur industriel bien développé, à une époque où les pays européens font face à une tendance à la désindustrialisation. Il s’agit donc là d’un secteur à hauts risques, mais où nos grandes entreprises, certes toujours plus sensibles à des décisions extérieures comme nous l’a récemment rappelé le rachat en cours de Péchiney par Alcan, témoignent de leur capacité à demeurer compétitives et à se positionner sur des marchés d’avenir - comme l’automobile et les transports, pour reprendre l’exemple d’Alcan Valais. C’est là aussi un secteur où l’ouverture des marchés confirme régulièrement une certaine attractivité de nos entreprises à travers les investissements de capitaux étrangers dans notre canton. Pensons au site chimique de Monthey, avec l’établissement de Vantico. Pensons aussi par exemple au rachat des ascenseurs Neuwerth par l’acteur mondial norvégien KONE, ou au possible repreneur français de CETA à Vouvry. Pensons enfin aux initiatives cantonales de développement des forces de ce canton, comme l’implantation en cours à Monthey d’un bio-pôle consacré aux sciences de la vie. Les mêmes évolutions porteuses d’avenir se font jour à des degrés divers dans le deuxième secteur exportateur du canton, le tourisme. Chacun a en tête le développement diversement apprécié de la Compagnie des Alpes en Valais ou, à l’inverse, le maintien d’un « contrôle cantonal » - si j’ose le dire - du domaine de Crans-Montana, avec notamment ... des capitaux autrichiens ! De son côté la Foire du Valais, toujours en osmose avec l’économie, illustre bien cette volonté, cette réalité cantonale d’ouverture, avec la participation comme hôte d’honneur de la Province de Turin. Un grand merci et nos plus cordiales salutations à Madame la présidente Mercedes Bresso, qui vient de me précéder ! 2) Je rappellerais ensuite que l’économie du 21ème siècle, à l’image de celle du siècle passé, continuera à dépendre de la qualité et des performances de notre réseau de transports et de communications. La télécommunication est une chose extraordinaire, mais tant que nous serons matière et cela peut durer, le transport physique sera indispensable. Il suffit pour s’en convaincre de penser aux remous que causent actuellement les travaux en cours et en projet aux tunnels de Glion ! Dans ce sens, la recherche d’un bon équilibre et d’une complémentarité optimale entre la route et les transports publics constitue un objectif constant et prioritaire du Gouvernement et de mon département. J’en mentionnerai ici trois points forts : - à court terme et dans un effort répété chaque année, il s’agit d’étoffer l’offre en transports publics internationale, nationale et régionale afin de constituer une alternative crédible aux déplacements individuels ; - à moyen terme, à savoir en 2007, l’ouverture du tunnel de base du Lötschberg verra la mise en place d’une offre à longue distance entre Genève et Milan, ainsi qu’entre Bâle et Milan ; une offre sensiblement développée, en termes de cadence, de confort et de places, constituera un atout essentiel pour le Valais, qui gagnera en accessibilité et améliorera le transport de transit. A titre d’exemple, les liaisons Berne-Valais, par le noeud de correspondance Rail 2000 à Viège, offriront une prestation attractive, concurrentielle et complémentaire à la route. M. le Conseiller fédéral pourra dès lors se rendre à la fois encore plus souvent et encore plus vite dans son canton ! - enfin, et cette fois à long terme, la planification de la transversale ferroviaire Martigny-Aoste/Chivasso sous le Grand-Saint-Bernard se poursuit en collaboration avec les autorités de Val d’Aoste et en coordination étroite avec les autorités nationales italiennes et fédérales concernées. Avec l’appui de notre hôte d’honneur de Turin comme de notre Président de la Confédération, par ailleurs membre fondateur de la Communauté d’intérêt du Grand-Saint-Bernard, tous les espoirs sont permis ! J’ai d’ailleurs pu recevoir avant-hier à Martigny la Commission des transports du Parlement européen... D’autres projets innovateurs sont en cours ou ont été réalisés, comme la constitution de la société Régionalps pour assurer la desserte régionale de l’ensemble du réseau valaisan à voie normale, en concertation avec les CFF et Transports Martigny Régions, ou la réintroduction des navettes-autos au Simplon, encore liée à des décisions fédérales. Vous le voyez, le Valais poursuit là aussi résolument son désenclavement, dans une volonté d’échanges et d’enrichissement de nos relations avec les pays et régions voisines. 3) J’aborderai enfin l’action constante du Gouvernement valaisan en faveur de l’amélioration des conditions cadres, terreau de la bonne marche de nos entreprises. Mais ceci pour insister sur le fait que cette volonté risque aujourd’hui de se heurter au risque d’une désolidarisation entre les régions favorisées du pays et les régions de montagne et périphériques. Si le Valais est en effet un canton au coeur de l’Europe, à l’intersection des pôles de développement que constituent Turin-Milan, Lyon-Grenoble et l’Allemagne du Sud, il demeure périphérique en Suisse par sa position géographique, comme il demeure région de montagne par sa topographie, avec les charges supplémentaires qui y sont liées. Le maintien d’une volonté confédérale de cohésion économique demeure donc un impératif vital pour notre canton et son économie. Si la politique économique fédérale doit, à juste titre, examiner les mesures aptes à stimuler la croissance économique des centres et du Plateau, cet effort ne doit pas se faire au détriment des ressources nécessaires aux régions périphériques et de montagne comme semblent le postuler les premiers travaux d’élaboration de la nouvelle politique régionale suisse. L’exemple des centres de tri courrier de la Poste a montré de manière exemplaire les dérives d’une mentalité orientée sur les seuls arguments économiques et techniques. Dans une première décision, la Suisse postale allait de Fribourg à Zürich, avant que des réactions critiques unanimes ne la conduise à étendre quelque peu ce périmètre nombriliste doré ! Le Valais n’en a pas moins perdu ses deux centres et quelque 110 emplois à plein temps. Le Conseil d’Etat est conscient des restructurations indispensables du service public, comme des adaptations souhaitables de la politique régionale. Mais au moment où l’Union européenne accorde à sa politique régionale un tiers de son budget, il s’agit pour notre pays de poursuivre et réaffirmer dans les actes la volonté qui a fait la Suisse, celle de la « Willensnation Schweiz », selon laquelle la diversité des vocations économiques et culturelles des cantons suisses représente une force. Autrement dit, en terme de politique fédérale, il ne devrait pas y avoir de régions ni de branches économiques de moindre valeur, « à faible valeur ajoutée », traduit en langage actuel. Autrement dit encore, s’il faut succomber à la mode des ratings, les ratings fédéraux ne doivent pas stigmatiser un secteur économique - pensons au tourisme, qui contribue grandement à la richesse de la Suisse, ou à l’agriculture-viticulture, qui entretient nos vallées alpines et nos coteaux - mais bien différencier les entrepreneurs innovants des autres et les aider financièrement ensuite, à quelque branche économique qu’ils appartiennent. Le maintien de cet état d’esprit confédéral, d’unité solidaire dans la diversité de vocations qui s’enrichissent, permettra à notre pays de consolider son bien-être, son mieux-être face aux défis à venir. Un tel état d’esprit se situera d’ailleurs dans la droite ligne de la volonté, de la Foire et du Valais, de continuer à progresser pour dépasser ses limites, convaincus que nous sommes, à l’image de Camus, que « la grandeur de l’homme est de vouloir s’élever au dessus de sa condition ». Merci de votre attention, que la Foire soit bonne et belle, vive le Valais !
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