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Quand je considère l’évolution de cette foire, le nombre et la qualité des exposants,
la croissance des surfaces de stands utilisées inversement proportionnelle à l’évolution
des surfaces agricoles exploitées ; Et losque j’observe les technologies présentées
et tous les progrès qu’elles peuvent apporter, comment voulez-vous que je ne m’écrie
pas : oui dans notre pays, dans notre canton, la viticulture, les cultures spéciales,
l’agriculture tout simplement ont un avenir ! Naïveté, diront les pessimistes
: ces technologies ne serviront que s’il reste des agriculteurs pour s’en servir...
Il faut dire d’emblée le mérite des exposants : sans leur confiance en eux et
dans les matériels qu’ils exposent, sans leur confiance aussi dans l’esprit d’adaptation
des acteurs du monde agricole qui génère des besoins toujours nouveaux, cette
foire n’aurait pas lieu ... et ce serait un élément de l’indispensable ECONOMIE
DE PROXIMITE à mieux structurer qui disparaîtrait au détriment de tous. Si nous
avons la chance d’inaugurer cette foire, c’est qu’il y a en Valais, dans notre
pays et ailleurs aussi, des entrepreneurs et des chefs d’exploitation attentifs
aux signes des temps, curieux, novateurs, déterminés surtout à ne pas se laisser
abattre par les difficultés de l’époque. Aux difficultés, au problèmes, ils cherchent
des solutions, ils modifient leur comportement, leurs méthodes de production ou
de commercialisation, ils cherchent des produits nouveaux, des clients nouveaux,
ils réduisent les coûts, peaufinent la qualité, identifient leurs produits ; qu’ils
en soient félicités ! Je tiens aussi à ajouter que dans l’agriculture actuelle,
comme dans d’autres secteurs économiques, personne ne doit être dévalorisé ou
humilié, ni se considérer ainsi, parce que les choix et les décisions légitimes
de hier s’avèrent aujourd’hui problématiques dans la nouvelle donne politique
et économique, plongeant ainsi exploitations ou entreprises dans de graves difficultés,
notamment financières. L’essentiel est que toujours subsiste la VOLONTE d’utiliser
les atouts disponibles et même les difficultés du temps pour rebondir, se retourner,
repartir. Sans exclure le doute et les interrogations, la volonté du monde agricole
de tenir le coup envers et contre tout avec confiance en ses possibilités peut
s’exprimer de multiples manières ; cette foire en est une, exemple d’une manifestation
d’espoir, mais il y en a d’autres. SEATTLE en a été une autre dans l’expression
du refus d’une globalisation construite en dehors de tout esprit de solidarité
humaine et sociale. Mais manifester à Genève ou à Seattle contre l’OMC ne suffira
pas. L’avenir de nos économies, de nos agricultures, de nos productions dépendra
d’actes concrets et nouveaux de solidarité et de compréhension réciproque conduits,
ici même, pour enlever au Marché une partie de sa puissance, mieux : pour ORIENTER
LA PUISSANCE DU MARCHE vers des buts plus élevés et plus étendus que les profits
de quelques actionnaires. Je suis persuadé que beaucoup, parmi les acteurs de
l’agriculture comme de la politique, ont déjà compris que seuls des hommes et
des femmes travaillant et gérant leurs activités dans un esprit différent pourront
faire que la globalisation, d’instrument de marginalisation et d’élimination qu’elle
est, se transforme en un puissant moyen de promotion économique et sociale. ***La
Bourse ou la vie, il faudra choisir !*** Cet esprit est l’affaire de chacun. Chaque
fois qu’à l’initiative de producteurs ou de commerçants, peu importe de qui ça
vient, chaque fois que se crée une mutuelle TRANSPARENCE sur les conditions de
production, d’achat et de vente d’un de nos produits, alors le Marché n’est plus
un maître absolu et l’homme peut reprendre la maîtrise du jeu dans un esprit responsable.
A chaque fois aussi que des metteurs en marché seront capables de coordonner leur
offre, d’identifier leurs produits, d’assurer leur qualité et leur traçabilité
selon des critères de base communs, à chaque fois le marché deviendra un peu moins
aveugle. Je ne veux pas manquer de souligner que la solidarité ne doit pas s’arrêter
à des frontières étroites : la démarche suivie par les organisateurs insistant
sur la communauté d’intérêt existant sur le plan suisse et s’ouvrant sur la Savoie
voisine participe au souci de la promotion d’une économie de proximité bien comprise.
C’est pourquoi, au début de cette année 2000 si chargée de symbolique, à l’ouverture
de cette Agrovina 2000 qui fait honneur à l’ESPRIT D`ENTREPRISE du monde agricole,
au nom du Gouvernement, je me dois d’inviter producteurs et commerçants à se mettre
à table sans arrière-pensées et sans rancunes stériles pour créer ensemble un
PARTENARIAT nouveau et cohérent qui leur apportera des succès qu’ils n’osent même
plus imaginer. A défaut de ce partenariat, la confrontation conduira à des difficultés
toujours plus insurmontables et mènera même les meilleurs à leur perte. C’est
dans cet esprit que je souhaite à cette foire et à notre agriculture d’entrer
avec audace dans le nouveau millénaire qui s’annonce. Le Conseil d’Etat valaisan
sera toujours prêt à aider les initiatives et les réalisations qui vont dans le
sens de la solidarité, de l’attention réciproque, c’est-à-dire à l’opposé d’une
stratégie érigeant l’élimination au rang de principe. CE PLUS D`HUMANITE que nous
demandons à l’OMC, nous devons être capables de le réaliser déjà chez nous. C’est
un défi que nous gagnerons ensemble. Merci de votre attention, bonne expo à vous
toutes et à vous tous : profitez pleinement de ce lieu de rencontre, car l’échange
est aussi important que le commerce ! Jean-Jacques Rey-Bellet Président du Conseil
d`Etat |