Inauguration de la Place du Midi, Sion

C’est en voisin, presque en bordier, que je goûte l’honneur et le plaisir d’être associé à cette fête d’inauguration. De semaine en semaine, sur le chemin qui mène de mon bureau place des Cèdres au Palais du Gouvernement ou encore à la salle du Grand Conseil, j’ai pu suivre la magnifique métamorphose du lieu où nous sommes réunis. Parce que je vis dans ce quartier 5 à 6 jours par semaine avant de rentrer me coucher à l’ombre de la Dent-du ... Midi, mais aussi de par ma formation d’ingénieur et surtout ma fonction de conseiller d’Etat en charge du réseau des routes cantonales dont cet axe fait encore partie, je me réjouis vraiment avec vous de la qualité de l’oeuvre réalisée. C’est là l’aboutissement d’une longue marche d’approche à laquelle les services de mon Département ont été techniquement, juridiquement et financièrement associés : pensez donc, il y a fallu successivement deux conseillers d’Etat et trois ingénieurs cantonaux ! Ce type d’aménagement, celui d’une place polyvalente, figure parmi les défis les plus difficiles. Après les décennies de la voiture-reine, on recherche aujourd’hui, là où une séparation totale n’est pas possible ou judicieuse, une cohabitation intelligente entre l’homme et le véhicule. On ne réussit que si l’on prend en compte, dès le début des études, les objectifs à priori très différents que sont la qualité de vie et d’habitat, la sécurité des usagers, la conservation ou la revalorisation du site, l’accessibilité des commerces et les espaces indispensables aux transports publics. L’habileté des concepteurs n’est donc jamais secondaire ! Aujourd`hui, la Place du Midi s’affirme comme un théâtre privilégié de cette cohabitation. Scénaristes et metteurs en scène de la pièce qui s’y joue chaque jour ne se sont pas contentés de refaire le décor, le revêtement, les bancs et les arbres. Ils ont replacé l’homme dans le premier rôle, lui permettant d’évoluer et de faire des rencontres au coeur même d’un ensemble bâti préexistant. De ce fait, ils ont accordé au trafic le second rôle et courageusement mis la voiture au pas de l’homme. Reconnaissons ensemble que le conflit entre homme et véhicule n’est qu’artificiel : c’est toujours d’hommes et de femmes qu’il s’agit, à pied ou en voiture, seul leur vêtement change, de tissu ou de métal selon qu’ils sont piétons ou automobilistes. Le problème, c’est que le comportement change selon l’habit, l’automobiliste ayant tendance à oublier qu’il est aussi et plus souvent piéton ! Chaque passager, chaque passagère connaît le petit miroir qui est discrètement placé au dos du pare-soleil. Il porte un bien joli nom : miroir de courtoisie. La réussite de cette place, c’est d’avoir déplacé la courtoisie du dos du pare-soleil pour l’installer au volant ! Oui, les autorités politiques et le talent de l’architecte de cette oeuvre ont réussi un double bel exploit ; ils méritent nos félicitations et même notre admiration pour avoir osé. En plus d’une cohabitation décidément réussie, leur engagement et celui de tous les intervenants, ingénieurs et entrepreneurs, offre aux habitants et aux hôtes de Sion un superbe espace de rencontre. Une capitale se distingue par la qualité de ses places, qui doivent inviter à la rencontre. L’importance de places conviviales est plus sensible encore en cette époque d’incertitude et de solitude : la place du Midi, en écho à celle de la Planta chargée d’histoire, répond désormais vraiment à la vocation de Sion-capitale et aux besoins de ce temps. Sa valeur grandira encore à l’avenir, au fur et à mesure de l’appropriation qui en sera faite par chacune et chacun. La fréquentation des débuts est déjà signe d’adoption ! J’aurai encore plusieurs occasions, dans les prochains mois, de me pencher sur des dossiers sédunois. Nul doute que l’excellente collaboration qui préside aux relations entre la commune de Sion et mon département permettra d’autres succès : je m’en réjouis déjà. « Les hommes ne sont pas faits pour les places, mais les places sont faites pour eux », écrivait un autre Jean-Jacques, Rousseau celui-là. Peu importe le sens qu’il y mettait, cette phrase convient à merveille à l’occasion. Profitons dès lors pleinement de cette nouvelle Place du Midi, miroir de courtoisie et espace de rencontre.