100e anniversaire du Nouvelliste, Sion

(texte composé et prononcé en alternance par Jean-Paul Duroux et Jean-Jacques Rey-Bellet) Le Nouvelliste a ... cent ans ! Que deux Agaunois, nés respectivement à 37 et à 218 mètres du Parvis de la Royale Abbaye de Saint-Maurice et donc de l’Imprimerie Rhodanique, occupent simultanément les sièges de la présidence du gouvernement et du parlement valaisans, alors que le Nouvelliste, également mis au monde à l’ombre de cet antique monastère, affiche un siècle d’existence, cela relève évidemment du pur hasard astral, ou alors de la Providence. Nous ne trancherons pas ce dilemme, mais sommes ravis de cette heureuse conjonction et surtout d’avoir été associés aux festivités du centième qui nous réunit ce jour, dès potron-minet : nous en remercions chaleureusement Conseil, Direction et Rédaction. Le Nouvelliste, il est vrai, et surtout la Rhodanique, qui, après St-Augustin, l’a imprimé durant de longues années avec une encre à trois couleurs, noire... noire... et noire, le Nouvelliste donc signifiait surtout pour les enfants que nous étions, jouant sur la Place du Parvis, des bruits et des odeurs. Bruits de machines que l’on appelait rotatives, craquements de planchers, odeurs d’encre et de plomb, tous ces ingrédients faisaient de la « Rhode » une maison quasi hantée. Et la livraison régulière de pesants cylindres de papier qui nous semblaient gigantesques ne diminuait en rien le sentiment mêlé de curiosité et d’inquiétude qui nous envahissait. Aujourd’hui, tout cela appartient au passé : l’Imprimerie St-Augustin, l’Imprimerie Rhodanique ne sont plus. Le Nouvelliste a rejoint la capitale pour s’y développer de remarquable manière. La couleur, les images, l’informatique l’ont progressivement transformé, lui taillant un habit, non plus confectionné dans la toile épaisse et un peu terne qui faisait les costumes du dimanche de nos aïeux, mais dans des tissus plus légers et multicolores, susceptibles d’attirer le lecteur. Du Nouvelliste au NF en passant par le Nouvelliste du Rhône et l’accolement discret de la Feuille d’Avis du Valais, le journal préféré des Valaisans francophones a voulu retrouver aujourd’hui la simplicité de son titre initial, le Nouvelliste. Unique regret, notre Nouvelliste n’est pas tout seul ; pire encore pour les partisans de l’AOC qui font rimer authenticité avec antériorité, notre Nouvelliste n’est pas le plus ancien à porter cette appellation, alors que le vocable tonitruant et bref « NF » lui garantissait une quasi exclusivité. Ainsi avons-nous lu dans un Nouvelliste qui, gaillardement, affiche 105 ans d’existence : - "La meilleure défense du journal dans ce pays doit être recherchée chez le peuple qui sait ce qu’est la liberté d’expression. Le peuple a goûté et a pris goût à la liberté d’expression, et n’acceptera jamais de perdre cette conquête." - "Le Nouvelliste, quotidien plus que centenaire, a vu défiler beaucoup de régimes totalitaires ; il compte perdurer." - "Malgré les turbulences de la politique, le Nouvelliste demeure." - "Je crois qu’il y a une volonté du Gouvernement de discréditer les journalistes." Quatre avis péremptoires d’un Nouvelliste, haïtien celui-là, dont la vigueur de ton et les coups de gueule ressemblent étrangement à ceux de son cousin valaisan, en particulier lorsque A.L. en signait les éditoriaux engagés. Avec l’appellation NF, un autre signe distinctif a été abandonné : après avoir suggéré au lectorat des consignes de vote dont la seule ambiguïté résidait dans la taille relative des oui et des non, - ce qui n’était pas pour déplaire aux politiciens d’alors, du moins lorsque ces consignes se conformaient à leurs opinions - le Nouvelliste ne suggère plus, visuellement tout au moins, laissant aux citoyens le soin de le faire par des "tribunes libres" parfois si denses qu’elles rendent l’objet soumis à l’appréciation populaire plus opaque que transparent. Ne dit-on pas que "abondance de biens nuit" ? Mais trêve de nostalgie puisque nous sommes là pour nous réjouir de l’ouverture ! En ce 17 novembre 2003, le Nouvelliste a 100 ans. Un anniversaire qui justifie bien sûr un bilan du passé, mais surtout une projection dans l’avenir. A la lecture des excellents tirés à part historiques publiés tout au long de cette année 2003, on a pu revivre l’extraordinaire évolution, voire révolution qu’a connue le Valais durant le siècle écoulé. Qu’en sera-t-il demain ? Les habitants de la vallée où le Rhône a son cours y seront-ils toujours aussi enracinés ? Les rapports de forces qui sous-tendent encore nombre d’attitudes et de décisions se maintiendront-ils ? L’organisation politique et administrative du canton conservera-t-elle un visage reconnaissable ? Nous le saurons, vous le saurez en lisant les quelque 30`000 prochains numéros que le Nouvelliste ne manquera pas d’éditer d’ici au 17 novembre 2103, jour de son deux-centième anniversaire où, nous l’espérons, deux présidents saint-mauriards auront peut-être le même plaisir que nous à venir apporter les voeux du Parlement, du Gouvernement et de la ville berceau du Nouvelliste. Pour l’heure, nos voeux sont de succès bien sûr, mais surtout - de pertinence dans l’impertinence, - d’objectivité dans la pluralité, - d’équilibre dans la tension des extrêmes - et enfin de sagesse dans le tourbillon des idées. Joyeux anniversaire ! Jean-Paul Duroux, président du Grand Conseil Jean-Jacques Rey-Bellet, président du Conseil d’Etat

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